Sonnet
Quoi ! Sans te soucier de l’océan qui gronde,
Tu veux ta place à bord, sur mon vaisseau perdu ;
Et pour dire à Colomb qu’il a trouvé son monde,
Tu n’attends pas, enfant, qu’il en soit revenu !
Dans tes bras frémissants j’ai mis ma tête blonde.
J’ai bu ton souffle en feu, dans mon sein répandu ;
Et, comme le pêcheur voit la perle sous l’onde,
Dans ton regard charmant j’ai vu ton cœur à nu.
Sois bénie, à jamais, pour cette foi sublime !
Sans redouter les flots je braverai l’abîme,
Puisque j’ai ton amour, comme une étoile, aux cieux.
Et mon nom restera, triomphant et sonore,
Afin que, dans mille ans, la terre sache encore,
Ô mon ange adoré, la couleur de tes yeux !
Poète Louis Bouilhet