Je n’aime pas écrire et mes alexandrins
S’écoulent de mes doigts ainsi qu’une eau de source !
Aurais-je donc vécu comme les malandrins
A chercher une paix sans que cesse ma course !
Ainsi, la feuille blanche est comme ce couteau
Qui transperce le cœur d’une bête féroce !
Et ma main n’est qu’un clou subissant le marteau
D’un forgeron gravant la pénitence atroce
Pourtant, je ne suis pas un animal méchant
En rimant le portrait des hommes et des femmes
Je flatterais plutôt leur plus sinistre chant
A leurs cendres donnant de magnifiques flammes
Quand un vers me surprend, il mure mon soleil
Mon esprit vague à l’âme et la rime l’obsède
Même la nuit, ailleurs, je supporte l’éveil
Me libérant de lui dès lors que je lui cède
Qui parle de son mal soulage sa douleur
J’écris afin de croire au violent remède
Qui donne le parfum ainsi que la couleur,
Ma sensibilité qui me saigne et qui m’aide
Le poète, jamais, n’est un Homme normal
Il dit la vérité sans avouer les siennes
Sous l’image, le ton et calfeutre son mal
Dans la beauté du vers et les rimes anciennes
Grande est la solitude où se sème le vers
Il n’est pas d’infini sans douleur ni délire
Vous ne pouvez goûter à l’eau de l’univers
Que sous les cris du sang qu’un œil aimera lire