Voici la terre et l’eau
Voici l’air et le feu
Le ciel cotonneux
La rivière gelée
La prairie givrée
Avec des ânes figés
Comme des sculptures
Que la pluie Mêlée au vent
Aurait teintées de gris
Nous marchons lentement
Tandis qu’une voix
Vient trouer la brume
Et nous interdit
D’avancer davantage
Dans l’oppressant
silence
De la campagne
A cette heure du jour
Quasi endormie
Toujours enclins à l’obéissance
Nous nous arrêtons
Nous avons l’impression
Que les arbrisseaux
Qui bordent le pré
Nous sourient
Très sensibles au froid
Nous croyons cependant
Qu’il serait sage
De nous mettre à l’abri
Nous avisons alors
Une cabane à outils
A quelques pas de nous
La porte de la remise
S’entrouvre en grinçant
Une main blanchâtre
Aux doigts crochus
Nous invite à entrer
Devenus hésitants
Par instinct nous mettons
Un terme à notre élan
La porte aussitôt
Se referme en claquant
Jacques Herman
2010