Je l’ai gardé ce bon baiser de muse !
Comme une perle, il rayonne à mon front ;
Et désormais, qu’on me flatte ou m’accuse,
Sans l’effacer les soucis passeront.
Oh ! Votre voix sonnait brève, lente ou pressée,
Suivant les passions et les rhythmes divers,
Puis, s’échappant soudain légère et cadencée,
Sautait, comme un oiseau, sur les branches du vers !
Quoi ! Vous voulez que, le premier,
Au seuil blanc de ce beau cahier,
Je me pavane et me prélasse
Filles de Jupiter, vierges aux longues tresses,
Je dirai de Vulcain les antiques détresses,
Et quel bâtard céleste arriva le premier
Avant l’enfant amour et le filet d’acier !
Aglaé n’est pas heureuse :
Elle a trouvé, ce matin,
Une ride qui se creuse
Dans les neiges de son teint.
L’Aube aux pieds d’argent descend des montagnes ;
La Nuit s’est cachée au fond des grands bois ;
Tous les nids d’oiseaux chantent à la fois.
Hardis chevriers, quittons nos compagnes !
Elle a, pour toute science,
La gaîté de ses vingt ans ;
C’est la blonde insouciance,
Aux yeux bleus, couleur du temps.
Les plaines, au loin, de fleurs sont brodées.
Parmi les oiseaux et les papillons,
J’entends bourdonner l’essaim des idées
Qui flotte au soleil en blancs tourbillons !
Comme il grelottait, l’homme au violon !
La baraque en planche était peu d’aplomb,
Et le vent soufflait dans la toile sale.
I
Le soleil va chasser la nuit ;
Pâle Phoebé, reine aux longs voiles,
Il est temps de rentrer, sans bruit,
Ton troupeau de blanches étoiles !