Qui contera le sable de la mer, Les gouttes d'eau qui sont dans les fontaines, Sur l'océan les naux et les antennes, Qui contera les maux qu'on a d'aimer,
Tantôt pour vous trouver entrant en votre salle J'ai vu entre plusieurs votre image et tableau Qui montre au naturel votre visage beau, Qui eût bien fait quitter au Thébain son Omphale.
Tu disais vrai, ô divin Pythagore, De corps en corps les âmes vont errant, Quand un sommeil sille notre oeil mourant, Sommeil de fer yvré de mandragore.
Un jeune Icare englouti dans la mer Un chaud soleil sentit à son dommage, Moi j'en sens deux à qui je fais hommage, Dans l'air d'amour voulant trop haut ramer.
Un peu devant que l'aube amenât la journée, Naguère je songeais dans un lit en dormant Qu'un vilain me suivait, mais courant vitement Que j'avais devant lui bonne place gagnée.
Voici le jour, voici l'heure venue Que tu promis me donner un baiser. Çà je le veux, me veux-tu refuser Ce qui est mien par raison trop connue ?
Vous qui voulez savoir que c'est que de l'amour, Je le vous vais ici tout maintenant décrire. C'est un vrai doux amer, c'est un triste sourire ; C'est l'aigle du Caucase et le bourreau vautour.
Voyez au vif le portrait d'un amant : Je pleure et ris, je loue et vitupère, Un même objet m'est funèbre et prospère, Je perds courage et je vais m'animant.
Amour, si de tout temps tu m'as trouvé fidèle, Amour, si de tout temps je t'ai tant révéré, Amour, si pour jamais et tant que je pourrai, Je serai ton soudard targué de ta rondelle,