Qu’Éole roi des vents avec l’onde conçut
Pour être de ce monde une seconde essence,
Reçois ces vers sacrés à ta seule puissance,
Aussi bien que mon âme autrefois te reçut.
Déesse qui partout et nulle part demeure,
Qui préside à nos jours et nous porte au tombeau,
Qui fais que le désir d’un instant naisse et meure,
Et qui fais que les cieux se tournent à toute heure,
Encor qu’il ne soit rien ni si grand, ni si beau.
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Vous vous rapportez fort avec les autres fleurs,
Car l’excès des humeurs comme vous les fait naître,
Et vous tombez aussi par l’excès des chaleurs.
Comme les fleurs nous font aimer le jardinage,
Nous tirant par les yeux d’un fort enchantement,
On dit que vous pouvez faire aimer davantage
Si trompé l’on vous peut savourer seulement.
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Pensant caver le cœur de ma fière inhumaine,
Il vous faut mettre au rang de ces eaux d’Eurimène,
Qui changent en rochers ceux qu’elles vont lavant.
Vous empierrez son cœur que je vais poursuivant,
Vainement je lui dis mon amour et ma peine,
Elle ouit tout sans l’ouïr comme une idole vaine,
Et laisse aller mes vœux sur les ailes du vent.
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Pourquoi le sens si prompt, et l’esprit si fragile,
Que de voir, que d’aimer, et que de m’engager
À servir un bel œil d’un labeur inutile ?
Pour avoir vu je meurs, mais d’une mort subtile
Qui renaît d’elle-même et ne fait que changer,
Pour aimer je me vois tous les jours outrager,
Et servant je languis en ma prison servile.
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