Aujourd'hui qu'au tombeau je suis prêt à descendre, Mes amis, dans vos mains je dépose ma cendre. Je ne veux point, couvert d'un funèbre linceul, Que les pontifes saints autour de mon cercueil, Appelés aux accents de l'airain lent et sombre, De leur chant lamentable accompagnent mon ombre, Et sous des murs sacrés aillent ensevelir
Quand la feuille en festons a couronné les bois, L'amoureux rossignol n'étouffe point sa voix. Il serait criminel aux yeux de la nature, Si, de ses dons heureux négligeant la culture, Sur son triste rameau, muet dans ses amours, Il laissait sans chanter expirer les beaux jours. Et toi, rebelle aux dons d'une si tendre…
Ah ! portons dans les bois ma triste inquiétude. Ô Camille ! l'amour aime la solitude. Ce qui n'est point Camille est un ennui pour moi. Là, seul, celui qui t'aime est encore avec toi. Que dis-je ? Ah ! seul et loin d'une ingrate chérie, Mon coeur sait se tromper. L'espoir, la rêverie,
Ah ! je les reconnais, et mon coeur se réveille. Ô sons ! ô douces voix chères à mon oreille ! Ô mes Muses, c'est vous ; vous mon premier amour, Vous qui m'avez aimé dès que j'ai vu le jour. Leurs bras, à mon berceau dérobant mon enfance, Me portaient sous la grotte où…
Quelquefois un souffle rapide Obscurcit un moment sous sa vapeur humide L'or, qui reprend soudain sa brillante couleur : Ainsi du Sirius, ô jeune bien-aimée, Un moment l'haleine enflammée De ta beauté vermeille a fatigué la fleur.
Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire Sait, à te voir parler et rougir et sourire, De quels hôtes divins le ciel est habité. La grâce, la candeur, la naïve innocence Ont, depuis ton enfance, De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté.
Mai de moins de roses, l'automne De moins de pampres se couronne, Moins d'épis flottent en moissons, Que sur mes lèvres, sur ma lyre, Fanny, tes regards, ton sourire, Ne font éclore de chansons.
Non, de tous les amants les regards, les soupirs Ne sont point des pièges perfides. Non, à tromper des coeurs délicats et timides Tous ne mettent point leurs plaisirs. Toujours la feinte mensongère Ne farde point de pleurs, vains enfants des désirs, Une insidieuse prière.
De Pange, le mortel dont l'âme est innocente, Dont la vie est paisible et de crimes exempte, N'a pas besoin du fer qui veille autour des rois, Des flèches dont le Scythe a rempli son carquois, Ni du plomb que l'airain vomit avec la flamme. Incapable de nuire, il ne voit dans son âme Nulle…
Abel, doux confident de mes jeunes mystères, Vois, mai nous a rendu nos courses solitaires. Viens à l'ombre écouter mes nouvelles amours ; Viens. Tout aime au printemps, et moi j'aime toujours. Tant que du sombre hiver dura le froid empire, Tu sais si l'aquilon s'unit avec ma lyre.