Poèmes votifs

C’est un soir d’octobre, à Beg-Meil.

Par les marches de l’étendue,
Rouges encor d’un sang vermeil,
La nuit pieuse est descendue
Pour ensevelir le soleil.

De ses mains ferventes et pures,
Elle a couché l’astre vital
Dans les somptueuses guipures
Du grand linceul occidental,

Lire la suite...

Barque échouée au bord des rivages bretons,
J’ai désappris l’essor de mes jeunes sillages
Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons
Vos scalps souillés d’écume, ô goémons des plages.

Il ne m’importe plus si d’autres les refont,
Mes croisières d’antan, mes belles odyssées ;
Promise au lent trépas des carènes blessées,
J’abandonne le large à celles qui s’en vont.

Lire la suite...

A Pauline Ménou

Dans la nuit noire, recourbée en nef d’église,
S’inscrivent, par instants, des pâleurs de vitraux
Qu’une clarté de lune intermittente irise :
Un vent religieux frissonne sur les eaux.

Au large de l’Ar-Men solitaire, agonise
L’âme, lente à sombrer, des soirs occidentaux.
Un deuil plane sur les maisons de pierre grise ;
Les orgues de la mer roulent des lamentos.

Lire la suite...

Sur les coteaux pâlis flotte une ombre indécise :
Au portail de la ferme une femme est assise,
Qui, d’un refrain breton vaguement fredonné,
Dans ses bras arrondis berce son premier-né ;
Sous le corsage étroit où s’amincit son buste
Pointent deux jeunes seins, gonflés d’un lait robuste ;

Son regard, à travers le ciel mourant, poursuit
Un songe ailé de mère heureuse. Dans la nuit
Qui déjà sur les champs assoupis se condense,
Monte un bruit de sabots qui sonnent en cadence ;

Lire la suite...

O grand pays religieux,
Pavé de pierres sépulcrales,
Un jour sombre te vient des cieux
Par des vitraux de cathédrales !

… Vous avez peut-être passé
Dans le sentier des primevères.
Sur l’horizon, plane, dressé,
Le groupe noir des « Cinq Calvaires “.

Lire la suite...

De qui surveillait-il les troupeaux ? On ne sait.

Mais, chaque soir, à l’heure où le soleil baissait,
Sur le Roc-Trévézel on le voyait paraître,
Debout, dans l’attitude immobile d’un prêtre
En oraison devant l’Esprit de ce haut-lieu…
Le couchant s’éteignait dans le firmament bleu
Et les ombres des monts, en nappes déroulées
Du front chauve des cairns au sein vert des vallées,
S’épandaient comme un fleuve aux larges eaux, sans bruit
Que buvait cette mer de ténèbres – la nuit.

Lire la suite...

A Madame E.B.

Un soir que vous rêviez assise au bord des grèves
Vint s’étendre à vos pieds un harpeur de Quimper.
Les rêves qu’il chantait ressemblaient à vos rêves
Comme le bruit des pins aux rumeurs de la mer.

Il disait la beauté de la terre océane,
Son sortilège lent, délicat et secret,
Et c’était votre charme, ô soeur de Viviane,
Qu’en chantant son pays le harpeur célébrait.

 

Poèmes votifs

Anatole le Braz

A Reine-Anne

Voici venir vers nous le soir aux yeux de cendre,
Clairs encor d’un reflet de la braise du jour
Dans le couchant d’août, ma mie, allons l’attendre,
Parmi l’or pâlissant de notre été d’amour.

Nous lui dirons : « Sois pur, soir pacifique et tendre,
Fraîcheur des champs brûlés, repos des membres lourds,
Oh ! ne te hâte point, soir béni, de descendre
Vers les grands pays d’ombre oh doit finir ton cours !

Lire la suite...

Réalisation : www.redigeons.com - https://www.webmarketing-seo.fr/