Poésie Jacques Herman

La goutte qui Fait déborder le vase N'est pas encore tombée Du nez du curé  

Tout ce sang Lui coulant de la bouche Et ce feu du ciel Qui nous tombait dessus Ah si vous nous aviez vus Quand montaient nos appels  

Toutes les cheminées Se sont alignées En rang d'oignons Des deux côtés de la rue Respectueuses  

Tu demandes Je réponds Tu dis Je veux Et toujours j'obéis Jusqu'aux frontières De l'impossible Ou de l'irréalité  

Les mains nues La tête couronnée de vent Je franchis la frontière  

Confiez à la poste Vos lettres d'amour Vos insultes Vos formulaires Vos demandes d'emploi Et votre désarroi Si nécessaire  

Manifestement troublé Mon voisin De palier me dit Ainsi donc Vous êtes encore en vie  

L'horizon lourdement Chargé de poèmes A volé en éclats  

Depuis des jours Tout est gelé On avance On avance S'égosille le sergent Mais on tombe souvent Dans la neige et la boue  

La nuit porte conseil Mais que porte le jour Dans ses petits bras blancs Le jour porte ombrage