C'est un trou que les hommes Ont creusé à la main Si profond que du bord On ne voit pas le fond La lumière n'y entre jamais On y confond Soir et matin
Je ne suis pas tout à fait mort Quoique totalement fondu Comme un morceau de sucre jeté Dans une tasse de thé
Bonaparte m'a mordu Le bras gauche et je Lui en veux beaucoup Bonaparte est à vrai dire Un chien méchant Très méchant Même s'il en est De pires A mon goût
La plaine est rose Jusqu'aux arbres qui cernent L'horizon brumeux Et près de l'étang
J'ai du brouillard Dedans ma tête Et des crapauds Qui sautent joyeux Dans mes artères Une envie de me taire Mâtinée du besoin furieux De dire quelque chose Pour tuer le temps
Tant qu'à faire ma mie Je préfère vous suivre Comme l'ombre d'un chien Apeuré Parce qu'il sait Les dangers du monde
Ils sont restés sur le carreau Rouge de la cuisine Je parle des godillots Crottés Du fossoyeur
Permettez-moi de ramasser Dessous la table Les miettes de temps Que vous avez perdues