On trouve parfois Dans un fond de grenier Des souvenirs d'enfance Et des objets cassés A la ressemblance Du passé
Autrefois je m'adonnais aux joies vaines Je comptais à rebours Produisais des bruits sourds Dans le sable Je dénombrais les jours Et je touchais des doigts Le soleil insaisissable
A voix basse je chante Les cendres du passé lointain Mais je tisonne les braises En dépit de tout Et murmure des mots que vous Ne percevez pas Je ne saurai jamais si le feu s'est éteint Et m'éloigne de vous A petits pas
Petit Trapu Le crâne dégarni On l'avait aperçu Les bras chargés D'un paquet immense Il sortait d'un Magasin de silence
Tandis que l'horizon S'assombrit et se bouche La main s'agite Sur le papier Qui noircit à son tour
Le premier cargo vient de quitter le port Il arrache une à une les étoiles du ciel Ici chaque fois qu'un bateau s'éloigne Le nombre d'étoiles décroît On ne s'en émeut guère C'est la loi naturelle
L'océan s'est caché Dans les replis de ma mémoire Il n'y fait aucun bruit Et le parfum des algues A vrai dire me manque aussi
Du tronc fêlé d'un chêne noir S'écoule une masse blanchâtre Qui lui descend jusqu'au au pied Et des fleurs rougeâtres Minuscules Etoilées
Nous marchions en silence Les mains croisées sur le bas-ventre Les yeux rougis par l'émotion Nous suivions le défunt Jusqu'à sa dernière demeure C'était un artichaut Très âgé Bossu de naissance
Il m’est avis Que je naquis Au milieu de la nuit De la jonction morose D’une brise marine Et d’écumes tremblantes