Dans l'eau douteuse Elle vint se mirer Et se mit à son tour A douter Les genoux enfoncés Dans l'humide gazon
Amis levons nos verres A la brume rosâtre Qui coiffe l'horizon Et que le ciel entende Nos chants d'allégresse
Voici venu le temps Des charpentes osseuses Des tibias que l'on croise Comme on croise les doigts En vue d'heures chanceuses Des fémurs Des vertèbres Et des côtes flottantes
Tu peux nager comme la truite Tu peux crier comme un putois Ou déployer tes ailes au vent Planer majestueusement Comme un gerfaut de Sibérie
La lumière du jour En douceur s'est éteinte Comme une rivière Se fond dans la mer A son embouchure
Je m'étais assis Au bord de la Dranse Observant un vieillard Qui me semblait issu Du passé savoyard
Quand une montagne Vient accoucher D'une souris Elle s'en sépare très vite L'abandonne au torrent Glacial et tumultueux
La chair est pesante La mémoire incertaine Et l'angoisse Née du coeur S'infiltre partout Devient omniprésente