Vous aimeriez que je vous dise C'est par ici C'est par là Portez donc l'un après l'autre vos pas Sur le chemin que je balise Pour vous et suivez-moi
Très au-dessus de nous Dans la voûte plantaire D'un géant monstrueux Prêt à nous écraser Une verrue moqueuse Se riait de nous
Il posa sur un papier blanc Trois mille deux cent cinquante-quatre mots Alignés sagement Mais les mots étaient sombres Et les idées si noires Que le papier jaunit Prématurément
Tu traversas naguère Les neiges du Grand Nord Les forêts amazoniennes Les sables brûlants Du désert
Les écrivains publics Dans notre région Ecrivent par terre A genoux Accroupis Ou assis sur leur derrière
Près de Cioccaro di Penango Dans la province d'Asti Un vieux franciscain Apparut nu de nuit A une jeune vierge Effarouchée
Parfois dans l'eau du port On voit nager des méduses Entre des algues sombres Et des taches d'huile irisées
Je vous offre le peu d'amour Qu'il me reste à partager Entre les fumées d'usine Et le ciel azuré
Voici longtemps que je ne me pends plus Au luminaire du salon Au réverbère de la rue Aux branches hautes des sapins Ou d'autres arbres du jardin
Dites-moi Regardez-vous souvent Ce velours bleu du lac Léman Ces semi-transparences Qui vous séparent de nous Et qui pourtant relient La Suisse à la France