Sur la crête des dunes Le sable se demande Quand sa vie prendra fin Dans un verre posé Sur la table bancale C’est la même question Que soulèvent entre elles Les gouttes de vin Et quelques poussières
Le ciel s’est déchiré Comme ces papiers peints Que d’une main Rageuse on arrache Ce n’est qu’un éclair Un coup de tonnerre M’assure un voisin
Gris-jaunes empalés Par quelques longs poteaux Sans doute de connivence Les nuages aux dieux Se tordant de douleur Adressent des plaintes Et brisent le silence Que leur imposent les cieux Le grands maîtres là-haut
Les mots palpitent Comme des coeurs Au coeur des vers Du poème dont l’auteur Vient juste d’accoucher Miettes d’inutile Moutonnement des heures Glauques Incertaines Eclats tranchants De pierres transparentes
Tu es belle lui dit-il Comme la fleur d’oranger Dans le creux de la main Géante de l’été Comme au mourir des vagues L’écume qui s’étend Sur la plage à nos pieds Comme dans les dunes La douce lascivité Des courbes ocrées Du sable que sculptent
Entre des doigts agiles Soulever doucement Le voile brumeux Qui étouffe la ville La mettre à nu comme Pour la déshabiller Puis solliciter Le soleil qui Dans sa bienveillance La couvrirait De l’ardeur du silence De la joie retrouvée Attendre que le jour Tourne autour du clocher Comme le papillon Qui fait le tour des…
Une larme accrochée Sur la joue du temps Refuse obstinément De s’en détacher Plus bas c’est le vide Et le risque est trop grand Pour elle d’éclater Que personne dit-elle Ne tente de m’essuyer
Là où brillent les feux Des joies renouvelées Là où le ciel bleuit Sur les champs de blé Quand la pluie s’est retirée Quand la terre est nourrie Là où les humeurs Du jour se moquent des heures Qui s’enfuient en courant Là où le chagrin A quitté sa demeure Quand le rire revient
Mais à quoi bon serrer Entre tes doigts l’espoir Que nourrit en elle La fumée légère Des humeurs délétères Quand nous broyons du noir Laisse à la vapeur Le droit de s’élever Comme l’encens mêlé A la myrrhe des morts Comme le parfum des fleurs Dans le ciel de l’été
Ce sont du ciel Des griffes sauvages Descendues acérées Qui nous ont blessés Au coeur et au visage Mais qu’ensuite le vent A vite dispersées Ce sont de l’océan Des vapeurs nouvelles Emportées par les vagues Vers l’unique rivage De leur destinée Et qui meurent cachées Dans les replis du temps Ce sont de l’incendie