Pour avoir alourdi les poches de mon veston De quelques poignées de terre De deux ou trois cailloux De beaucoup de poussière Je me fis arrêter Comme un contrebandier
Je dis Mardi n’est pas mal Mais pourrez-vous venir En fin de matinée Tirer du sol natal Mes mots enracinés Si fortement qu’en Les arrachant Ils se mettront à hurler
Tes pensées agitées Sont pareilles aux drapeaux Qui vibrent au vent Parole de témoin
Puisque la terre sous nos pas S’est déchirée comme un tissu Dont les morceaux éparpillés
On acquiert la crème de l’eau Chez l’eautière La crème du lait Chez la crémière La crème du sang
Je vous laisse disait-il Du haut de se trente ans Les misères du monde Les routes sinueuses Et les embûches qu'y sème Le temps
Nous y voilà dit-il Mais où Mais où Mais où On n'est jamais nulle part
Dites-moi Vous qui savez tout Dites-moi sur l'heure En quelques mots Ce que l'on voit De l'autre côté de la colline
Il vient se glisser Comme une ombre furtive Dans le parc éclairé Par un grand lampadaire Et s'assied sur le premier banc venu
Oui Monsieur j'ai peur Du boucher charcutier La blouse rayée La face couperosée Le couteau à la main