Les paris sont ouverts Tout est fin prêt Des milliers de chameaux Dont on espère l’exploit Des myriades d’aiguilles Plantées dans le désert
Les carottes sont cuites Il ne survivra pas On prend de l’avance On lui croise déjà Les doigts sur le ventre On lui ferme les yeux Quand bien même il respire
Ses yeux globuleux Ne verront plus jamais La télévision Ni le fauteuil en cuir Ni le grand vase bleu Ni la table bancale
Comme un oiseau perché Sur la branche faîtière D’un arbre j’attends De te voir arriver Et voilà qu’à l’instant Ton ombre surgit Comme un coup bienvenu Qui ranime le coeur
Parfois le soir les lumières chantent Un air connu des années trente Et les rideaux s’enflamment alors Comme les coeurs amoureux Sous les yeux ahuris Nous nous cachons un peu Pour qu’en paix notre âme Se refroidisse
Renoir est assis Dans un fauteuil d’osier Le modèle en face De lui dépasse Tout ce que peut offrir Un canon de beauté Et les yeux mi-clos du peintre Viennent se poser
C’est la douleur extrême Du sable éparpillé Qui vainement malgré Des siècles d’espérance Tente encore de trouver Dans un profond silence Les voies mystérieuses
Trois mots échangés Avec un nuage De passage M’ont suffi Pour effacer D’un seul regard Pas même appuyé L’écume de la mer
Il dénombre ses mainsSes oreillesSes piedsLes jours de la semaineLes mois de l’annéeLes vagues de la merEt les châteaux de sableQu’elles vont emporter