De la mélancolie d’un printemps suranné,
Dans les pourpres sillons de l’aube renaissante,
Vient se désaltérer au vent de mes pensées ;
Comme en quête d’ivresse où mon crayon s’égare,
Où l’écriture danse sur le papier froissé,
Distillant, dans mes yeux, un étrange regard
D’un poème d’hier qu’on ne peut effacer ;
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J’ai erré si longtemps sans trouver le repos !
Car celui qui y gît, ma tendre déchirure,
Une nuit de décembre a épousé les flots.
C’est en lui, confident pour l’amour et la peine,
Que j’ai remis mon cœur, déposé ma raison,
Il m’a donné le grain de sa riche moisson,
Mon berger était roi et je fus souveraine.
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Les sentiers tapissés des lilas qui s’y posent,
J’ai contemplé, émue, les plus beaux des matins
Quand la rosée étreint et parfume les roses.
J’ai couru dans les blés, cueilli les fleurs des champs,
J’ai humé leurs parfums et les arbres m’ont dit
Que mes rires s’enroulaient aux cheveux du vent
Et ma mélancolie aux larmes de la pluie.
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Tombant du firmament envahit mon poème ;
Le soir appesantit mes rimes qui se voilent,
Dans un demi-sommeil, mes songes les essaiment.
Du sablier des cieux, le marchand de sommeil
Laisse la nuit couler jusqu’à la délivrance,
Son ombre se déploie comme un essaim d’abeilles
Et soudain disparaît au détour du silence.
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La source, qui vivait dans mes yeux, s’est tarie
Et qu’il n’en reste rien, pas même une parcelle,
Même les souvenirs heureux se sont enfuis.
Dis-lui que, plus jamais, lorsque tu le verras,
Mon cœur cadenassé bondit de ma poitrine,
Je ne le pleure plus et ne regrette pas
Ses belles mains racées, ni sa lèvre assassine.
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Bâtissant son ourlet sur les cendres d’Avril,
Son aiguille sertit les épines des roses
Dans les sentiers battus qui se métamorphosent.
Déjà, tous les bourgeons entrouvrent les paupières
Et le merle moqueur fredonne sa chanson,
Dans le lit du ruisseau, un cerf se désaltère,
Do, ré, mi, fa, sol, la, et brame à l’unisson.
Le soleil, par degrés, de la brume s’évade,
Sur la pointe des pieds, voici venir l’aurore,
Un tesson scintillant, lui portant l’estocade,
L’essaime, effrontément, en mille goûtes d’or.
Son visage cuivré, sillonné par les ans,
La pipe qu’il fumait dans un nuage blanc,
Ses mains calleuses, rudes, qui labouraient la terre.
Les pieds dans les sabots depuis l’aube à la nuit,
Faut tirer l’eau du puits, abreuver les chevaux,
A la tombée du jour, ramener le troupeau,
Un labeur harassant : voilà toute sa vie !
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Ce filtre délicat que l’on nomme l’amour
Et mes sens, éprouvés par des baisers sauvages,
Semblaient errer du rêve au sommeil tour à tour.
Mon vaisseau a sombré mille fois alentour
Dans les yeux de celui qui causa mon servage.
A l’aube bigarrée, un peu avant le jour,
Il m’a tendu la main m’amenant au rivage.
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Et les images floues des bribes de mémoire
Palpitent doucement lorsque revient le soir,
M’enivrant de parfums comme un vin de bohème.
Un bonheur rien qu’à moi avait conquis mon cœur,
Je sentais, sur ma peau, la chaleur de ses mains,
Nous avions parcouru la moitié du chemin :
La rivière à la source, le bourgeon à la fleur.
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De ses doigts amoureux, il caresse le monde,
Mais, le soir, ses rayons, embrasant le couchant,
Plonge ses ongles d’or en des gorges profondes.
Dans le noir océan, il enfonce ses guêtres
Et son âme altérée lentement s’y dissout ;
L’horizon s’obscurcit, des étoiles vont naître,
Un silence frileux insinue ses dessous.
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