Le jardinier d’amour Dépose ses outils A la tombée du jour Les fleurs se détendent Etirent leur tige Agitent leurs pétales Assis sur le chemin De gravier gris Le chat soudain détale Dans le petit étang Les poissons rouges Tremblent de peur
L’amour ne perdure Qu’à la seule condition De conserver le coeur En perdant la raison Il convient donc dit-il De mourir en partie Préservant l’autre pour La maintenir en vie Il suffirait d’un revolver
Nous marchions dans le sable Ocre rose du temps Mus par l’ardent désir D’enfin nous arrêter Mais cruelles les heures Sur le cadran des jours Ne voulant rien entendre Hurlaient à nos oreilles D’une voix de crécelle L’ordre d’avancer Et nous obéissions Nous rêvions de repos
Jamais rien ne doit filtrer Des longs soupirs des anges Qui distendent le temps Parfois nous les voyons Qui gravent des noms Dans l’écorce des jours Puis s’éloignent de nous Dans l’écharpe du vent
Aucun mot ne dira Ni le goût d’une orange Ni la chaleur du feu Qui incendie le coeur Ni le prix d’un aveu Ni la durée du temps Au passage des heures A l’ombre du cadran
Je vois couler dans ton coeur Du baume léger que tu me destines Un fluide apaisant Pour mes vieilles blessures Et dans tes grands yeux Des gouttes de pluie Descendant indécises Jusqu’à ton menton Et que tu recueilles Pour qu’elles cicatrisent
Elle a l’odeur de l’eau Salée des océans Mêlée d’ambre solaire Et de parfums iodés Elle marche sur la digue A la manière des goélands Parfois s’enflamme inopinément Aux couleurs des blés roussis
Dans l’opacité Des forêts de ton âme Et dans le brouillard Epais de tes idées S’agite une lueur Fragile aux couleurs De l’espérance Donne-lui du champ De l’amour et du temps Garde-toi bien
L’ailleurs est à portée de main Si près de toi Que du bout des doigts Tu pourrais le toucher Mais que les dieux du ciel Dans leur bienveillance Veuillent à jamais t’en garder Le règne de la transparence Se confond toujours Avec celui de la quantité Qu’un ange protecteur
Le coeur virevolte Dans le cerisier fleuri Je m’attarde Je m’attarde Et bientôt va sonner Le glas du jeudi Demain au lever Du jour sur la colline Je m’en irai t’attendre