Ils ont crucifié le temps Sur la carte du monde Ils ont pendu l’espace A l’abri des regards A l’une des branches basses D’un platane du boulevard
D’un jet de caillou L’oeil de boeuf se brisa Le frondeur gêné Prit les jambes à son cou
Voici le temps venu De vous pendre au fil de l’eau Si changeant Et si ténu Qu’on imagine mal Qu’il résiste longtemps Au poids de votre corps
Tu files à l’anglaise Et l’Ecossais déçu S’insurge contre ton départ
Dès que ton pied trébuche Sur le premier caillou Demande-toi jusqu’où Tu vas pouvoir marcher
Tu t’es délitée Comme du sel au fond de l’eau Il ne reste de toi Qu’un peu d’ombre qui colle A l’écorce du tilleul Au papier grainé Des murs du salon
.Les mains dans les poches Et dans les poches des oiseaux D’un bleu intense De céruléum Couleur du ciel Où naguère ils volaient
Une goutte de pluie Descendue du toit Fait éclater La surface du lait Dans la gamelle jaune Du chat Qui sursaute sous l'effet De l'étonnement
Redire les mots Que nous avions oubliés Retrouver le rythme Que nous avions rompu
Descendre lentement L’un après l’autre et prudemment Les barreaux de l’échelle Du temps révolu