Le sourire de la nuit Ressemble au rictus D'un cadavre que la mort Aurait rendu hideux L'heure crépusculaire
Tout n'est que vanité Souffle éphémère du vent Brève incandescence La sombre aubergine La tomate bien mûre Le raisin de Corinthe Les feuilles de laitue
Ne réveille pas le vent qui dort Ni le fleuve qui comme un chat S'étire avant de tomber Dans les bras de la mer Ne réveille pas les heures
Un seul regard porté Sur l'urne funéraire M'a suffi pour comprendre Que sa mise en terre De si courte durée
Il reste sur la table Un petit brin d'espoir Que j'avais acheté La veille au soir Dans une boutique
Le passé derrière nous S'étire paresseux Comme un ruban noueux Qu'on voudrait repasser Ou le linceul froissé Qui recouvre le corps D'une portion du temps
Dans le bourbier commun du temps Nous pataugions à l'ombre Du silence des dieux Ils nous recouvraient du manteau Inconfortable et lourd
Avec un long fil bleu Et une aiguille d'acier Immense Démesurée Le coeur meurtri
Comme il arrive à l'ombre De parler au soleil Tu t'adresses au ciel Pleine de suffisance Et de désinvolture Après un long silence