C’est un pays où les chats Ne portent pas de moustaches Où les poissons font éclater De rire leur bocal Un pays où l’on perd
Le jour s’est ouvert Comme un rideau de scène Sur le champ de bataille Tandis que renaissait Au sortir de la nuit Le bruit de la mitraille Quelqu’un m’a glissé
Voici ma Bible dit-il En la montrant du doigt Et voici le signet bleu Qui trouvera sa place Où Dieu seul le voudra Il attend Confiant
Dans le silence feutré du bois Elle chemine en moi Comme un délicieux vertige Et le son de sa voix Vibre en me suppliant De ne jamais mourir
Au port le bateau se repose Dans les eaux glauques Aux reflets huileux Il n'attend de ceux Qui longent le quai Ni le regard brumeux
Nous marchions en silence dans les vagues premières Et nous écoutions les propos de la mer Si troublants que parfois Nous en fûmes touchés
Des plumes légères S'envolent au vent Traversent les terres Et les océans Retombent sur un autre versant Du monde qu'elles tapissent De leurs tendres couleurs
Rien qu'un sifflement léger Par la porte entrouverte Un bruissement qui m'intrigue Comme le passage inopiné D'un vent mauvais Ou le glissement sombre Du velouté d'une ombre Entrée par infiltration
Parfois le parfum D'une fleur t'enivre Au point d'oublier Les tracas du jour Et l'envol nocturne Des corbeaux dans tes rêves Le monde sur l'heure
Dans les ridules que le vent Imprime à la surface De l'étang Je lis la la tendresse de l'eau Son espérance folle De me toucher au coeur Son désir inassouvi