MORTE D'EPUISEMENT Elle est apparemment Morte d'épuisement Usée jusqu'à la corde N'en pouvant plus
Trente-six mille ans Se sont écoulés Depuis qu’ils ont Abattu les arbres Et construit un passage à gué
J'ai quitté la maison Le jour où le toit s'est effondré Sur le chat qui n'a pas eu Le temps de s'enfuir Sur l'horloge qui s'est arrêtée Et sur ce qu'il me restait De souvenirs
Fermer la fenêtre Comme on ferme le bec Ouvrir son aile au vent Comme on ouvre une boîte En ahanant
Voici la terre et l’eau Voici l’air et le feu Le ciel cotonneux La rivière gelée La prairie givrée Avec des ânes figés Comme des sculptures
Il est tombé du toit Elle est tombée du pont Ils se sont rencontrés Dans la mort à mes pieds Le ciel vert de gris A leur aplomb
Tu t'es assise au bord de tes rêves Ni les dieux dans le ciel Ni les hommes ici-bas N'ont pu te relever
Prendre une paire de ciseaux Découper le monde le long du pointillé Le coller sur une feuille de papier Froissée Jaunie Que d’un geste il suffit De déchirer en deux parties égales
Des voix qui rossignolent Surgissent dans le Bois des Pendus Se gonflent au vent Et s’élèvent comme des ballons Gonflés jusqu’aux limites