Avant de naître Je n’ai rien vu Après ma mort Rien ne verrai Pourquoi donc
En notre absence Imagine le vent Le soleil et la pluie Imagine les passants Qu’importe que nous dormions Pour l’éternité Que nous rêvions
Qu’importe auprès de toi Qu’on raisonne ou qu’on délire Tu es L’unique sourire Dans la grande cité Tu es Le seul rempart
Bien des misères De ce temps Bien des mensonges nés D’affections meurtries De délires éclatés
A peine l’hiver A grands coup de pinceau A-t-il laissé Des traînées noires Visqueuses En courbes franches Comme calligraphiées
Nous suivions pas à pas La tiédeur de nos âges Qui nous servait de ligne De démarcation De guide-âne De balise
Des chants grégoriens Vibrent puis s'estompent A mesure qu'ils montent Dans la froide vapeur Qui envahit la nef Comme un brouillard épais
De grandes clairières Jalonnent le temps Qu'on y pousse Qu'on y pousse
Dans la nuit noire repue Stridents et suraigus Des cris sont montés Au travers du velours Des heures qu'on n'agite jamais De peur de les briser