Elle souffre Dans sa chair Il compatit A sa douleur Elle hurle Elle s'agite
Je cours aux portes De l’océan Je frappe Avec insistance Mais le silence Seul me répond
Ne vous en déplaise Je viens Fendre l’eau de la mer Au fil de l’épée Seul m’importe A vrai dire
Le soir est tombé Sur la ville Brisant les toits Déchirant les murs Portant la mort
Tout sonne juste ce matin Bien plus juste qu’à l’ordinaire Ainsi l’eau du canal Que des hommes en blanc Repeignent en vert Les hauts peupliers
Les jours se suivent Et se ressemblent au point Qu’on ne peut plus Les distinguer A moins Qu’on ne les chiffre Qu’on ne les étiquette Qu’on ne les nomme
Regarde petit Là Devant toi Se dresse un mur Si haut qu’on ne voit Rien d’autre que lui Et un bout de ciel gris
La maison du poète est fermée Mais un maigre portail Aux trois-quarts rouillé Vaguement entrouvert Donne accès au jardin
Les poissons dans le port Se sont attroupés au bord Du quai trois Nerveux Agités
Dans l’allée des marronniers Des marins avinés Passent et repassent A travers la langueur D’un soir d’été