Vos yeux semblent ne Plus pouvoir regarder Qu'au travers de besicles Aux verres colorés Qui font voir orangé Le rouge parce qu'ils sont jaunes Et vert le bleu
Tandis que dans le ciel Où les corbeaux abondent Des étoiles bientôt vont vouloir se lever La terre s'ouvrira en crevasses profondes Et en larges sillons Prêts à nous absorber
Quand tu t'en iras d'ici Les pieds devant Je fermerai toutes les portes De la maison Et j'effacerai Les souvenirs récents Des douloureux moments Qui auront clôturé ta vie
C'est sans le vouloir Que sur le papier Lorsque j'écris mon nom Il me faut commencer Par un h aspiré
A-t-il souffert A cause de moi Le papillon mort Sur le rebord De la fenêtre J'aurais dû peut-être Appeler les secours
L'herbe a poussé Entre les travées Les restes de rails Ne mènent nulle part
Tout est calme à présent Le ciel a réussi En un tour de main A diluer les cris Des marins Jusqu'à l'effacement
Ne me tourmentez plus Je n'ai rien demandé D'autre que La paix retrouvée
Un gravier minuscule Echappé malgré lui Du chantier des Essorts Emporté par un pneu Se trouva projeté Dans un buisson touffu A deux pas de la mer
Le train s'est arrêté Au milieu de nulle part Personne autour de moi Ne dit plus rien L'angoisse m'étreint Progressivement Puis s'écoule en perlant Comme une sueur froide