Deux mannequins Sont descendus De leur vitrine Et se promènent nus Dans les rues De la ville Indifférente à leur beauté cireuse
C'est dans l'horloge Comtoise que Tu me parles le mieux Bien que ta voix Confusément résonne Dans le caisson
Voilà trente ans bientôt Que j'ai rendu l'âme à Dieu Je ne joue plus Depuis à aucun jeu Sinon celui de la survivance imbécile
Je ne serais pas seul Puisqu'on frappe à ma porte Immobile sous mon linceul J'attends que Le diable m'emporte
Lorsqu'il décéda Il ne laissa Sur la table où Il écrivait Que des mots disparates Qui se couraient après Et des feuilles de papier blanc Qui les attendaient
Que cherches-tu entre des fleurs Depuis longtemps fanées Dont les restes figés Ressemblent à ceux Qui gisent en dessous d'elles
L'oiselle déplumée Osseuse et privée De cervelle S'est prise à rêver Que Dieu l'avait dotée D'un génie débordant
Toutes les plages ondulent Vers la mer et le vent circule Entre les estivants Puis l'espace d'un instant
Des dentelles de Bruges Suspendues aux fenêtres Nous séparent de vous La vie sans doute nous Réserve des surprises Ajourées
Haut les coeurs me dit-elle Et elle brandit Au milieu de la nuit Une pique qui Semblait au bout frémir Du coeur de son mari