A l’âge où je n’avais Que mes yeux pour toute arme, Mon père qu’as-tu fait De moi et de mes larmes ?
Lui qui sifflait net, plus d’un litre de rouge Qui n’eu pas le temps de prendre de la bouteille. Le reflet à deux gouttes d’eau d’un Peau rouge Tellement par sa trogne s’approchait du vermeil Son l’humble viscère qui lui servait d’éponge
Tous nous sommes maintenus par les<< liens>>. Certains s’en servent comme une passerelle d’avenir ; d’autres restent un moment seulement en équilibre …
Je suis née à l’hiver mil neuf cent cinquante sept, Et la gueule du froid m’y a ensorcelée, Et la neige tombait, attisant la tempête, Dans des langes givrés, ma mère m’a vêlée.
Et voici le printemps, la nature est en fête, Et c’est au mois de Mai qu’on plante le décor De l’été des jardins habillés de fils d’or, Parsemés de muguet, de blanches pâquerettes.
Et le vent a tourné et voici les beaux jours, On se dit qu’on pourra musarder au rivage, Quand le soleil pointe sa petite gueul’d’amour, En maillot on se voit paressant sur la plage…
Il porte, fièrement, une queue en panache, Ronronnant, familier, il se frotte à mon cou, Il me lèche parfois et, avec ses moustaches, D’un frôlement si doux, me caresse la joue.
Au clair du silence, quand la mer se retire, En laissant, sur le sable, ses pas écumants, Quand le sel y dépose des cordes de lyre, Ses rêves s’insinuent dans les harpes du vent. Pareil aux mains d’aveugle, elle aborde les plages, Et l’essaim de ses doigts salés qui se déploie, Fatigué de brodé tant…
MES VIEUX Nous étions tous les trois, rompant le même pain, Et nous goûtions le vin, assis à cette table, Nous partagions des mets, à nos yeux, délectables, Plus exaltants hier et bien moins que demain.
Le soleil, ce matin, qui joue à saute-dunes, Dessine, de ses doigts, la marelle à l’envers, Et l’essaim de rayons, se moquant de la lune, Jette ses filets d’or éblouissant la mer.