Lorsque les ans auront glacé mon cœur, Et sur mon front mis leur blanc diadème, Quand j’aurai vu tous les rêves que j’aime S’évanouir au souffle du malheur,
Ce n’est pas seulement tel espace de terre
Dont un traité brutal a fixé la frontière,
Qu’évoque pour nos cœurs ton sens magicien.
C’est plus que tout cela, Canadiens, la patrie !
C’est le bleu Saint-Laurent, c’est le noir Saguenay ;
C’est la sainte douleur d’un peuple abandonné,
Notre foi, notre histoire et sa chevalerie,
Le respect du passé, l’espoir en l’avenir ;
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Qu’un vent mystique emporte au fond du ciel désert,
À vouloir vous compter, notre calcul se perd
Dans le vertigineux mystère de l’abîme.
Étoiles, tourbillon de poussière sublime !
Le puissant télescope ouvre son œil en vain.
Vous n’avez pas livré le secret de votre être,
Et nous vous admirons sans pouvoir vous connaître,
Quand descend dans le soir votre rêve divin,
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Il projetait une ombre immense au roc voisin ;
Plus le disque écroulé penchait vers son déclin,
Plus l’ombre s’allongeait tout au loin sur la terre.
Couvrant gorges et monts, ce voile violet
En deux plans bien tranchés partageait l’étendue :
Déjà l’aile du Soir à droite frissonnait ;
Jusqu’aux derniers confins où pénétrait la vue,
À gauche, tout vibrait dans le ruissellement
De l’or et du rubis répandus comme une onde :
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Pendant que jusqu’à Dieu s’élevaient nos pensées,
Et que, dans le repos du jour silencieux,
J’enivrais de grandeur mon esprit et mes yeux !
Le soleil au zénith couronnait sa carrière.
Mon rapide aviron troubla la pureté
De l’onde chatoyante où jouait la lumière,
Et j’atteignis bientôt le Cap Éternité.
Dans l’anse où les cailloux éboulés forment chaîne,
Le rocher moins abrupt me permit d’aborder
Près d’un torrent que j’entendais déjà gronder.
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Vers les secrets divins élèvent la pensée.
L’un, comme un escalier somptueux et royal,
Offre ses trois degrés qu’une forêt touffue
Recouvre d’un tapis velouté de sinople.
Aussi la Trinité, par les degrés du rêve,
Facilite au croyant l’ascension du ciel,
Convie à la splendeur des extases divines
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C’est à l’éternité que ce cap fait songer :
Laisse en face de lui l’heure se prolonger
Silencieusement, ô mon âme, et contemple !
Défiant le calcul, au sein du fleuve obscur
Il plonge ; le miroir est digne de l’image.
Et quand le vent s’endort au large, le nuage
Couronne son front libre au pays de l’azur.
Le plomb du nautonier à sa base s’égare,
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Qui dresse sur le ciel ses trois gradins énormes,
Et verticalement divise en trois ses formes,
Il mérite trois fois son nom de Trinité.
Son flanc vertigineux, creusé de cicatrices
Et plein d’âpres reliefs qu’effleure le soleil,
Aux grimoires sacrés de l’Égypte est pareil,
Quand l’ombre et la lumière y mêlent leurs caprices.
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Dès que la nuit trop brève au Levant eût pâli,
Quand furent disparus le Silence et l’Oubli,
J’ai senti le remords de mon passé paraître.
De nouveau la douleur envahissait mon être.
Sur le premier degré du grand cap Trinité,
La mère de Jésus se dressait dans l’aurore…
Cependant que ma voix troublait l’écho sonore,
Le cri silencieux de mon cœur est monté
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Ô vent, ne gronde pas ! ô montagnes, dormez !
À l’heure où tout se tait sous les cieux blasphémés,
La voix de l’Infini parle à la conscience.
Entre ces deux géants dont le roc éternel,
Surgi du gouffre noir monte au gouffre du rêve,
La pensée ennoblie et plus grande s’élève
De l’abîme de l’âme à l’abîme du ciel.
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