À Madame D.-G. Garon. À Percé. ― Le soleil est couché. Tout s’endort Sur la plage. La mer à peine se balance Autour du Roc géant où lentement commence De s’étendre la nuit pâle de Thermidor.
La Toussaint. Le jour froid et livide agonise. La pluie en lourds filets choit des cieux éplorés ; Et dans sa vieille tour la cloche de l’église Se lamente en de longs et sourds misérérés.
Les tueurs de bisons ont terminé leur chasse. Après avoir posté, de peur du loup vorace, Des gardiens qui devront protéger les blessés Et veiller sur les grands animaux terrassés, Les Métis ont repris le chemin de la tente, Où les femmes, tremblant des émois de l’attente, Ont préparé pour eux un copieux repas.
À travers les fourrés de la forêt déserte Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon, Depuis une heure, y teint d’or et de vermillon Un frais ruisseau d’argent ― frangé de mousse verte ― Qui fredonne et bénit sans doute en sa chanson Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon À travers les…
Le soleil a clos sa paupière À l’horizon tout frangé d’or. Déjà l’ombre crépusculaire Estompe le lac qui s’endort.
Le tiède soir de mai descend sur le lac bleu, D’où monte une vapeur diaphane et rosée. L’étoile dans l’azur clair rallume son feu, Et sur le dais du bois pensif choit la rosée.
Il tonne ? Non. Le lac brise sur le rivage ? Non. Regardons, tournés vers la forêt sauvage, Entre deux rocs abrupts, se dérouler sans fin Le fluide rideau d’argent clair et d’or fin Dont une extrémité tombe à pic d’une cime Et l’autre tourne au fond d’un insondable abîme : C’est l’Ouiatchouan qui…
La première neige ! Elle tombe Du firmament couleur de plomb, Moite et froide comme la tombe, Blanchissant montagne et vallon Sous le souffle de l’aquilon. La première neige ! Elle tombe.
À M l’abbé J.―Eugène Martin. Nous sommes sur le fier plateau du mont Sainte-Anne. Devant nous, vers le sud, dans la mer calme et plane ― D’où semble s’élever un suave sanglot ― Ainsi qu’un colossal et muet cachalot Émergeant des flots bleus, l’île Bonaventure Profile vaguement son contour qui s’azure À travers les réseaux…
Paspébiac s’éveille. ― À peine l’aube glisse Ses premières lueurs sur l’infini mouvant, Que l’un des vieux pêcheurs du faubourg déjà hisse Sa voilure ondoyante au souffle âpre du vent.