Certe, elle n'était pas femme et charmante en vain, Mais le terrestre en elle avait un air divin. Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ; Elle acceptait l'amour et tous ses incendies, Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas, Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
L'amour fut de tout temps un bien rude Ananké. Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué, Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ; On met le naturel de côté ; bête brute, On se fait ange ; on est le nain Micromégas ; Surtout on ne fait point…
Aucune aile ici-bas n'est pour longtemps posée. Quand elle était petite, elle avait un oiseau ; Elle le nourrissait de pain et de rosée Et veillait sur son nid comme sur un berceau. Un soir il s'échappa. Que de plaintes amères ! Dans mes bras en pleurant je la vis accourir,… Jeunes filles, laissez, laissez,…
Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant De l'amour qui commence en éblouissement. Ô souvenirs ! ô temps ! heures évanouies ! Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes, Ensemble dans les bois, et la main dans la main. Pour prendre le sentier nous quittions le chemin, Nous quittions le sentier pour marcher…
N'attendez pas de moi que je vais vous donner Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ; La nuit meurt, l'hiver fuit ; maintenant la lumière, Dans les champs, dans les bois, est partout la première. Je suis par le printemps vaguement attendri. Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;
Ô toi d'où me vient ma pensée, Sois fière devant le Seigneur ! Relève ta tête abaissée, Ô toi d'où me vient mon bonheur !
I Viens, ô toi que j'adore, Ton pas est plus joyeux Que le vent des cieux ; Viens, les yeux de l'aurore Sont divins, mais tes yeux Me regardent mieux.
Je suis triste ; le sort est dur ; tout meurt, tout passe ; Les êtres innocents marchent dans de la nuit ; Tu n'en sais rien ; tu ris d'écouter dans l'espace Ce qui chante et de voir ce qui s'épanouit ;
Est-ce ma faute à moi si vous n'êtes pas grands ? Vous aimez les hiboux, les fouines, les tyrans, Le mistral, le simoun, l'écueil, la lune rousse ; Vous êtes Myrmidon que son néant courrouce ; Hélas ! l'envie en vous creuse son puits sans fond,