Voilà son âge ; et maintenant
Dites tout bas son nom : Thérèse,
Et songez au ciel rayonnant.Quel destin traversera-t-elle ?
Quelle ivresse ? quelle douleur ?
Elle n’en sait rien ; cette belle
Rit, et se coiffe d’une fleur.
Ses bras sont blancs ; elle est châtaine ;
Elle a de petits pieds joyeux,
A vous la splendeur de rayons baignée ;
A moi la poussière, à moi l’araignée.
Vous êtes bien belle et je suis bien laid ;
Soyez la fenêtre et moi le volet.
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Nue,
Devant le dey qui lui semblait
Laid,
Plus blanche qu’un bloc de Carrare
Rare,
Elle défit ses cheveux blonds,
Longs.
Alors, ô tête de l’eunuque,
Nuque
Quand il pleure, j’entends le tonnerre gronder,
Car penser c’est entendre, et le visionnaire
Est souvent averti par un vague tonnerre.
Quand ce petit être, humble et pliant les genoux,
Attache doucement sa prunelle sur nous,
Je ne sais pas pourquoi je tremble ; quand cette âme,
Qui n’est pas homme encore et n’est pas encor femme,
En qui rien ne s’admire et rien ne se repent,
Sans sexe, sans passé derrière elle rampant,
Le soir brumeux ternit les astres de l’azur.
Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent.
Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s’en va d’un pas précipité !
Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été,
Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.
Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes,
L’automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l’été qui s’enfuit est un ami qui part.
Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Du papier sur ma table, une plume, et j’écris ;
J’écris des vers, j’écris de la prose ; je songe.
Je fais ce que je puis pour m’ôter du mensonge,
Du mal, de l’égoïsme et de l’erreur ; j’entends
Bruire en moi le gouffre obscur des mots flottants ;
Je travaille.
Ce mot, plus profond qu’aucun autre,
Est dit par l’ouvrier et redit par l’apôtre ;
Le travail est devoir et droit, et sa fierté
Et j’ai la simplicité
De brûler au feu mon aile
Et mon âme à ta beauté ;
Ta lumière m’est rebelle
Et je m’en sens dévorer ;
Mais la chose sombre et belle
Et dont tu devrais pleurer,
C’est que, toute mutilée,
Voletant dans le tombeau,
– Grand-père ? – Quoi ? – je veux m’en aller. – Aller où ?
– Où je voudrai. – C’est bien. – Je veux sortir, grand-père.
– Sortons. – Grand-père ? – Quoi ? – Pleuvra-t-il ? – Non, j’espère.
Je veux qu’il pleuve, moi. – Pourquoi ? – Pour faire un peu
Pousser mon haricot dans mon jardin. – C’est Dieu
Qui fait la pluie. – Eh bien, je veux que Dieu la fasse.
– Tu veux ! tu veux ! – Grand-père ? – Eh bien quoi ? – Si je casse
Mon joujou, le bon Dieu ne peut pas m’empêcher.
C’est donc moi le plus fort. – Parlons sans nous fâcher.
Nous marchions tous deux ensemble,
Tous deux heureux et vainqueurs.
La nuit était calme et pure ;
Dieu remplissait la nature
L’amour emplissait nos coeurs.
Tendre extase ! saint mystère !
Entre le ciel et la terre
Nos deux esprits se parlaient.
A travers l’ombre et ses voiles,