Savez-vous ce que fait maintenant ce bandit ?
Et l’on me raconta le meurtre juridique,
Charlet assassiné sur la place publique,
Cirasse, Cuisinier, tous ces infortunés
Que cet homme au supplice a lui-même traînés
Et qu’il a de ses mains liés sur la bascule.
Ô sauveur, ô héros, vainqueur de crépuscule,
César ! Dieu fait sortir de terre les moissons,
La vigne, l’eau courante abreuvant les buissons,
Voici le trou. Voici l’échelle. Descendez. Tandis qu’au corps de garde en face, on joue aux dés En riant sous le nez des matrones bourrues ; Laissez le crieur rauque, assourdissant les rues, Proclamer le Numide ou le Dace aux abois, Et, groupés sous l’auvent des échoppes de bois, Les savetiers romains et les marchandes…
– Qu’es-tu, passant ? le bois est sombre, Les corbeaux volent en grand nombre, Il va pleuvoir. – Je suis celui qui va dans l’ombre, Le Chasseur Noir ! Les feuilles des bois, du vent remuées, Sifflent… on dirait Qu’un sabbat nocturne emplit de huées Toute la forêt ; Dans une clairière au sein…
I Je disais : – ces soldats ont la tête trop basse. Il va leur ouvrir des chemins. Le peuple aime la poudre, et quand le clairon passe La France chante et bat des mains. La guerre est une pourpre où le meurtre se drape : Il va crier son : quos ego !…
Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée. Quand Josué rêveur, la tête aux cieux dressée, Suivi des siens, marchait, et, prophète irrité, Sonnait de la trompette autour de la cité, Au premier tour qu’il fit le roi se mit à rire ; Au second tour, riant toujours, il lui fit dire : – Crois-tu…
Tandis qu’en bas dans l’ombre on souffre, on râle, on pleure,
Un empire qui fait sonner ses étriers,
Les éblouissements des panaches guerriers,
Une cour où pourrait trôner le roi de Thune,
Une Bourse où l’on peut faire en huit jours fortune,
Des rosières jetant aux soldats leurs bouquets ;
Vous avez des abbés, des juges, des laquais,
Dansant sur des sacs d’or une danse macabre,
La banque à deux genoux qui harangue le sabre,
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Un vent frais m’éveilla, je sortis de mon rêve,
J’ouvris les yeux, je vis l’étoile du matin.
Elle resplendissait au fond du ciel lointain
Dans une blancheur molle, infinie et charmante.
Aquilon s’enfuyait emportant la tourmente.
L’astre éclatant changeait la nuée en duvet.
C’était une clarté qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l’écueil où la vague déferle ;
On croyait voir une âme à travers une perle.
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Où meurent les Danton trahis par les Réal,
Quand l’étable s’agite au fond des métairies,
Quand l’eau vive au soleil se change en pierreries,
Quand la grisette assise, une aiguille à la main,
Soupire, et de côté regardant le chemin,
Voudrait aller cueillir des fleurs au lieu de coudre,
Quand les nids font l’amour, quand le pommier se poudre
Pour le printemps ainsi qu’un marquis pour le bal,
Quand, par mai réveillés, Charles-douze, Annibal,
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I
Retournons à l’école, ô mon vieux Juvénal.
Homme d’ivoire et d’or, descends du tribunal
Où depuis deux mille ans tes vers superbes tonnent.
Il paraît, vois-tu bien, ces choses nous étonnent,
Mais c’est la vérité selon monsieur Riancey,
Que lorsqu’un peu de temps sur le sang a passé,
Après un an ou deux, c’est une découverte,
Quoi qu’en disent les morts avec leur bouche verte,
Le meurtre n’est plus meurtre et le vol n’est plus vol.
– Puis vient ce dithyrambe :
« – … Qui veut frapper Néron
Rampe, et ne se fait pas précéder d’un ïambe
Soufflant dans un clairon.
Souviens-toi d’Ettenheim et des pièges célèbres ;
Attends le jour marqué.
Sois comme Chéréas qui vient dans les ténèbres,
Seul, muet et masqué.La prudence conduit au but qui sait la suivre.
Marche d’ombre vêtu… »