De quoi parlait le vent ? De quoi tremblaient les branches ? Était-ce, en ce doux mois des nids et des pervenches, Parce que les oiseaux couraient dans les glaïeuls, Ou parce qu'elle et moi nous étions là tout seuls ? Elle hésitait. Pourquoi ? Soleil, azur, rosées,
Ne te figure pas, ma belle, Que les bois soient pleins d'innocents. La feuille s'émeut comme l'aile Dans les noirs taillis frémissants ;
Le frêle esquif sur la mer sombre Sombre ; La foudre perce d'un éclair L'air.
Je suis la flamme bleue. J'habite la banlieue, Le vallon, le coteau ; Sous l'if et le mélèze, J'erre au Père-Lachaise, J'erre au Campo-Santo.
Monsieur Prudhomme est un veau Qui s'enrhume du cerveau Au moindre vent frais qui souffle. Prudhomme, c'est la pantoufle Qu'un roi met sous ses talons Pour marcher à reculons.
Certe, elle n'était pas femme et charmante en vain, Mais le terrestre en elle avait un air divin. Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ; Elle acceptait l'amour et tous ses incendies, Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas, Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
L'amour fut de tout temps un bien rude Ananké. Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué, Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ; On met le naturel de côté ; bête brute, On se fait ange ; on est le nain Micromégas ; Surtout on ne fait point…
Aucune aile ici-bas n'est pour longtemps posée. Quand elle était petite, elle avait un oiseau ; Elle le nourrissait de pain et de rosée Et veillait sur son nid comme sur un berceau. Un soir il s'échappa. Que de plaintes amères ! Dans mes bras en pleurant je la vis accourir,… Jeunes filles, laissez, laissez,…
Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant De l'amour qui commence en éblouissement. Ô souvenirs ! ô temps ! heures évanouies ! Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes, Ensemble dans les bois, et la main dans la main. Pour prendre le sentier nous quittions le chemin, Nous quittions le sentier pour marcher…
N'attendez pas de moi que je vais vous donner Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ; La nuit meurt, l'hiver fuit ; maintenant la lumière, Dans les champs, dans les bois, est partout la première. Je suis par le printemps vaguement attendri. Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;