Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l’oreille au plus mystérieux
De vos amis de coeur, ou, si vous l’aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Du papier sur ma table, une plume, et j’écris ;
J’écris des vers, j’écris de la prose ; je songe.
Je fais ce que je puis pour m’ôter du mensonge,
Du mal, de l’égoïsme et de l’erreur ; j’entends
Bruire en moi le gouffre obscur des mots flottants ;
Je travaille.
Ce mot, plus profond qu’aucun autre,
Est dit par l’ouvrier et redit par l’apôtre ;
Le travail est devoir et droit, et sa fierté
Et j’ai la simplicité
De brûler au feu mon aile
Et mon âme à ta beauté ;
Ta lumière m’est rebelle
Et je m’en sens dévorer ;
Mais la chose sombre et belle
Et dont tu devrais pleurer,
C’est que, toute mutilée,
Voletant dans le tombeau,
– Grand-père ? – Quoi ? – je veux m’en aller. – Aller où ?
– Où je voudrai. – C’est bien. – Je veux sortir, grand-père.
– Sortons. – Grand-père ? – Quoi ? – Pleuvra-t-il ? – Non, j’espère.
Je veux qu’il pleuve, moi. – Pourquoi ? – Pour faire un peu
Pousser mon haricot dans mon jardin. – C’est Dieu
Qui fait la pluie. – Eh bien, je veux que Dieu la fasse.
– Tu veux ! tu veux ! – Grand-père ? – Eh bien quoi ? – Si je casse
Mon joujou, le bon Dieu ne peut pas m’empêcher.
C’est donc moi le plus fort. – Parlons sans nous fâcher.
Nous marchions tous deux ensemble,
Tous deux heureux et vainqueurs.
La nuit était calme et pure ;
Dieu remplissait la nature
L’amour emplissait nos coeurs.
Tendre extase ! saint mystère !
Entre le ciel et la terre
Nos deux esprits se parlaient.
A travers l’ombre et ses voiles,
Je ne vois pas pourquoi je ferais autre chose Que de rêver sous l'arbre où le ramier se pose ; Les chars passent, j'entends grincer les durs essieux ;
Je la revois, après vingt ans, l'île où Décembre Me jeta, pâle naufragé. La voilà ! c'est bien elle. Elle est comme une chambre Où rien encor n'est dérangé.
J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou. – Grand-père ? – Quoi ? – Je veux m'en aller. – Aller où ? – Où je voudrai. – Partons. – Je veux rester, grand-père. – Restons. – Grand-père ? – Quoi ? – Pleuvra-t-il ? – Non, j'espère. – Je veux qu'il pleuve,…
J'atteignais l'âge austère où l'on est fort en thème, Où l'on cherche, enivré d'on ne sait quel parfum, Afin de pouvoir dire éperdument Je t'aime ! Quelqu'un.
Garde à jamais dans ta mémoire, Garde toujours Le beau roman, la belle histoire De nos amours !