Les chansons des rues et des bois
I Je suis triste quand je vois l'homme. Le vrai décroît dans les esprits. L'ombre qui jadis noya Rome Commence à submerger Paris.
Depuis six mille ans la guerre Plait aux peuples querelleurs, Et Dieu perd son temps à faire Les étoiles et les fleurs.
A Mérante Au printemps, quand les nuits sont claires, Quand on voit, vagues tourbillons, Voler sur les fronts les chimères Et dans les fleurs les papillons,
Ces lieux sont purs ; tu les complètes. Ce bois, loin des sentiers battus, Semble avoir fait des violettes, Jeanne, avec toutes tes vertus.
I Ce petit bonhomme bleu Qu'un souffle apporte et remporte, Qui, dès que tu dors un peu, Gratte de l'ongle à ta porte,
Ecoutez vers l’onde
Cette voix profonde
Qui pleure toujours
Et qui toujours gronde,
Quoiqu’un son plus clair
Parfois l’interrompe… –
Le vent de la mer
Souffle dans sa trompe.
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Leur mère est à côté, leur mère au jeune front
Qu’on prend pour une soeur aînée ;
Inquiète, au milieu de leurs jeux ingénus,
De sentir s’agiter leurs chiffres inconnus
Dans l’urne de la destinée.
Près d’elle naît leur rire et finissent leurs pleurs.
Et son coeur est si pur et si pareil aux leurs,
Et sa lumière est si choisie,
Qu’en passant à travers les rayons de ses jours,
Est-ce l’onde où l’on flotte ? est-ce l’ombre où l’on tombe ?
De tant de pas croisés quel est le but lointain ?
Le berceau contient-il l’homme ou bien le destin ?
Sommes-nous ici-bas, dans nos maux, dans nos joies,
Des rois prédestinés ou de fatales proies ?
Ô Seigneur, dites-nous, dites-nous, ô Dieu fort,
Si vous n’avez créé l’homme que pour le sort ?
Si déjà le calvaire est caché dans la crèche ?
Et si les nids soyeux, dorés par l’aube fraîche,
Donne à quelqu’un
Sa musique, sa flamme,
Ou son parfum ;
Puisqu’ici toute chose
Donne toujours
Son épine ou sa rose
A ses amours ;
Puisqu’avril donne aux chênes
Un bruit charmant ;