Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme! Au gré des envieux, la foule loue et blâme ; Vous me connaissez, vous! – vous m'avez vu souvent, Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant. Vous le savez, la pierre où court un scarabée, Une humble goutte d'eau de fleur en fleur tombée,
Tout revit, ma bien aimée ! Le ciel gris perd sa pâleur ; Quand la terre est embaumée, Le coeur de l'homme est meilleur.
Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête ; Son vol éblouissant apaisait la tempête, Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit. – Qu'est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit ?
Aimons toujours ! Aimons encore ! Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit. L'amour, c'est le cri de l'aurore, L'amour c'est l'hymne de la nuit.
Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres, Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ; Maintenant que je suis sous les branches des arbres, Et que je puis songer à la beauté des cieux ;
Merci, poète! — au seuil de mes lares pieux, Comme un hôte divin, tu viens et te dévoiles ; Et l'auréole d'or de tes vers radieux Brille autour de mon nom comme un cercle d'étoiles. Chante ! Milton chantait ; chante ! Homère a chanté. Le poète des sens perce la triste brume ; L'aveugle…
La nuit était fort noire et la forêt très-sombre. Hermann à mes côtés me paraissait une ombre. Nos chevaux galopaient. A la garde de Dieu ! Les nuages du ciel ressemblaient à des marbres. Les étoiles volaient dans les branches des arbres Comme un essaim d'oiseaux de feu.
Marchands de grec ! marchands de latin ! cuistres ! dogues! Philistins ! magisters ! je vous hais, pédagogues ! Car, dans votre aplomb grave, infaillible, hébété, Vous niez l'idéal, la grâce et la beauté ! Car vos textes, vos lois, vos règles sont fossiles ! Car, avec l'air profond, vous êtes imbéciles !
Ô vous l'âme profonde ! ô vous la sainte lyre ! Vous souvient-il des temps d'extase et de délire, Et des jeux triomphants, Et du soir qui tombait des collines prochaines ? Vous souvient-il des jours ? Vous souvient-il des chênes Et des petits enfants ?
Jadis je vous disais : — Vivez, régnez, Madame ! Le salon vous attend ! le succès vous réclame ! Le bal éblouissant pâlit quand vous partez ! Soyez illustre et belle ! aimez ! riez ! chantez ! Vous avez la splendeur des astres et des roses !