Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur, Esprit doux et splendide, au rayonnement pur, Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent, Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,
L'hiver blanchit le dur chemin Tes jours aux méchants sont en proie. La bise mord ta douce main ; La haine souffle sur ta joie.
Esprit mystérieux qui, le doigt sur ta bouche, Passes… ne t'en va pas ! parle à l'homme farouche Ivre d'ombre et d'immensité, Parle-moi, toi, front blanc qui dans ma nuit te penches ! Réponds-moi, toi qui luis et marches sous les branches Comme un souffle de la clarté !
Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard ; La nuit tombait ; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse. Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins que votre regard.
Heureux l'homme, occupé de l'éternel destin, Qui, tel qu'un voyageur qui part de grand matin, Se réveille, l'esprit rempli de rêverie, Et, dès l'aube du jour, se met à lire et prie !
Une brume couvrait l'horizon ; maintenant, Voici le clair midi qui surgit rayonnant ; Le brouillard se dissout en perles sur les branches, Et brille, diamant, au collier des pervenches. Le vent souffle à travers les arbres, sur les toits Du hameau noir cachant ses chaumes dans les bois ;
La terre est au soleil ce que l'homme est à l'ange. L'un est fait de splendeur ; l'autre est pétri de fange. Toute étoile est soleil; tout astre est paradis. Autour des globes purs sont les mondes maudits ; Et dans l'ombre, où l'esprit voit mien que la lunette, Le soleil paradis traîne l'enfer planète….
Elle était déchaussée, elle était décoiffée, Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; Moi qui passais par là, je crus voir une fée, Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin De venir dans ma chambre un peu chaque matin; Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère; Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Vous qui pleurez, venez à ce Dieu, car il pleure. Vous qui souffrez, venez à lui, car il guérit. Vous qui tremblez, venez à lui, car il sourit. Vous qui passez, venez à lui, car il demeure.