Je veille, unique sentinelle De ce grand palais dévasté, Dans la solitude éternelle, En face de l'immensité.
Un aveugle au coin d'une borne, Hagard comme au jour un hibou, Sur son flageolet, d'un air morne, Tâtonne en se trompant de trou,
Oui, l'oeuvre sort plus belle D'une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, émail.
Là-bas, sous les arbres s'abrite Une chaumière au dos bossu ; Le toit penche, le mur s'effrite, Le seuil de la porte est moussu.
I Le nez rouge, la face blême, Sur un pupitre de glaçons, L'Hiver exécute son thème Dans le quatuor des saisons.
Tout amoureux, de sa maîtresse, Sur son coeur ou dans son tiroir, Possède un gage qu'il caresse Aux jours de regret ou d'espoir.
Voilà longtemps que je vous aime : – L'aveu remonte à dix-huit ans ! – Vous êtes rose, je suis blême ; J'ai les hivers, vous les printemps.
Quand je mourrai, que l'on me mette, Avant de clouer mon cercueil, Un peu de rouge à la pommette, Un peu de noir au bord de l'oeil.
On voit dans le Musée antique, Sur un lit de marbre sculpté, Une statue énigmatique D'une inquiétante beauté.
Chanson d'automne Déjà plus d'une feuille sèche Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche, Hélas ! les beaux jours sont finis !