S'il est vrai, Cloris, que tu m'aimes, Mais j'entends que tu m'aimes bien, Je ne crois point que les rois mêmes Aient un heur comme le mien. Que la mort serait importune
Maintenant que Philis est morte Et que l'amitié la plus forte Dont un coeur fut jamais atteint Est dans le sépulcre avec elle, Je crois que l'amour le plus saint N'a plus pour moi rien de fidèle.
Je suis bien jeune encor, et la beauté que j'aime Est jeune comme moi. J'ai souvent désiré de lui parler moi-même Pour lui donner ma foi. J'obéis sans contrainte à l'amour qu'il me donne Quelque désir qu'il ait,
Puisqu'en cet accident le sort nous désoblige, Je crois que tout le monde avecque vous s'afflige, Et ce commun malheur qui trouble l'univers, Reprocherait un crime aux lois de la nature
A Mademoiselle de Rohan, sur la mort de Madame la duchesse de Nevers Je vous donne ces vers pour nourrir vos douleurs Puisque cette Princesse est digne de vos pleurs, Et ne veux point reprendre un deuil si légitime. Pour elle vos regrets prennent un juste cours, Et de les arrêter je croirais faire…
Mon espérance refleurit, Mon mauvais destin perd courage, Aujourd'hui le Soleil me rit, Et le Ciel me fait bon visage.
Que mon espoir est faible et ma raison confuse ! C'est bien hors de propos, Brûlant comme je fais, que mon esprit s'amuse À chercher du repos.
Quand j'aurai ce contentement De te voir sans empêchement, Objet unique de ma joie, Cher maître de ma volonté, À quoi voudras-tu que j'emploie Les heures de ma liberté ?
Ha! Philis, que le Ciel me fait mauvais visage! Tout me fâche et me nuit, Et, réservé l'amour et le courage, Rien de bon ne me suit.
Heureux, tandis qu'il est vivant, Celui qui va toujours suivant Le grand maître de la nature Dont il se croit la créature. Il n'envia jamais autrui,