Et avecque des voeux mutins
S’obstine contre ses destins,
Qui toujours lui deviennent pires;
Moi je demande seulement,
Du plus sacré voeu de mon âme,
Qu’il plaise aux dieux et à Madame,
Que je brûle éternellement.
Œuvres poétiques
Théophile de Viau
Le plus riche printemps que le Soleil ait vu,
Celui de nos amours, d’attraits le mieux pourvu,
Ni toutes les beautés de la fille de l’onde,
Ce que donne Apollon pour embellir sa soeur,
Aux grâces de vos yeux à peine s’accompare,
Ni toutes ces fleurs d’or dont l’Aurore se pare,
Quand elle va baiser son amoureux chasseur.
Œuvres poétiques
Théophile de Viau
Sont beaucoup plus heureux qu’autres lieux de la terre;
Le dégoût de la paix, ni le peur de la guerre,
Jamais ne les a menacés.
Mars arrivant à la contrée,
Que notre éloignement convertit en déserts,
Hait le fer et la flamme, et veut que les baisers
Fassent l’honneur de son entrée.
Les Tritons à l’envi nous viennent caresser,
Les vents sont modérés, les vagues s’humilient
Par tous les lieux de l’onde où nous voulons passer.
Avec notre dessein va le cours des étoiles,
L’orage ne fait point blêmir nos matelots,
Et jamais alcyon sans regarder nos voiles
Ne commit sa nichée à la merci des flots.
Moins couverte d’eau que de flammes,
La beauté qui me fait aimer,
Me destina reine des âmes,
Et me dit que je céderai
A vos yeux qu’elle a fait mes rois.
Le Soleil montrant son flambeau
Par Cythère et par Amathonte,
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Et de qui l’univers adore les autels;
Moi dont les plus grands dieux redouteraient la guerre,
Puis-je sans déshonneur me prendre à des mortels?
J’attaque malgré moi leur orgueilleuse envie,
Leur audace a vaincu ma nature et le sort;
Car ma vertu qui n’est que pour donner la vie,
Est aujourd’hui forcée à leur donner la mort.
Où les esprits les plus puissants,
Quittant leurs grandeurs souveraines,
Suivent ma prophétique voix
Dans le silence de nos bois
Et dans le bruit de nos fontaines.
Ici mon désir est ma loi,
Mon entendement est mon roi,
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Éloigné du céleste empire,
Et du siège de la clarté,
N’attendez point que je soupire;
Car les faveurs du Roi dont je suis arrêté,
Font que mon destin n’est pas pire,
Et que j’ai plus d’honneur et plus de liberté.
Comme ce forgeron des dieux,
Dont les subtilités nuisibles
Pour un chef-d’oeuvre de son art,
Dessous des filets invisibles
Firent voir qu’il était cornard.
Cet infâme aux creux étnéans
Dessus les tombeaux des Géants,
Enivré de souffre et de flamme,
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Et à la guerre de Mirande:
Je suis poète et caporal,
O dieux, que ma fortune est grande!
O combien je reçois d’honneur
Des sentinelles que je pose!
Le sentiment de ce bonheur
Fait que jamais je ne repose: