Les Amours des bassins, les Naïades en groupe
Voient reluire au soleil en cristaux découpés
Les flots silencieux qui coulaient de leur coupe.
Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois
Tressaille au son du cor; nous n’irons plus au bois,
Où des enfants charmants riait la folle troupe
Sous les regards des lys aux pleurs du ciel trempés,
Voici l’herbe qu’on fauche et les lauriers qu’on coupe.
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
Les stalactites
Théodore de Banville
Menons la Muse émerveillée
Chanter avec le doux roseau,
Puisque la Muse est un oiseau.
Puisque la Muse est un oiseau,
Gardons que quelque damoiseau
N’apprenne ses chansons nouvelles
Pour aller les redire aux belles.
Un méchant aux plus fortes ailes
Tend mille pièges infidèles.
Du cyprès gigantesque aux fleurs les plus petites,
Un clair jardin s’accroche au rocher spongieux,
Lys de glace, roseaux, lianes, clématites.
Des thyrses pâlissants, bouquets prestigieux,
Naissent, et leur éclat mystique divinise
Des villes de féerie au vol prodigieux.
Voici les Alhambras où Grenade éternise
Le trèfle pur ; voici les palais aux plafonds
En feu, d’où pendent clairs les lustres de Venise.
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Vos cheveux radieux plus beaux que ceux d’Hélène,
Égrenez tour à tour, ainsi qu’un chapelet,
Ces guirlandes de fleurs sur ces tapis de laine.
Tandis que la bouilloire, éveillée à demi,
Ronfle tout bas auprès du tison qui s’embrase,
Et que le feu charmant, tout à l’heure endormi,
Mélange l’améthyste avec la chrysoprase ;
Tandis qu’en murmurant, ces vins, célestes pleurs,
Tombent à flots pressés des cruches ruisselantes,
Quand un rêve céleste emplit tes yeux d’étoiles ;
Quand tes regards, lassés des fatigues du jour,
Se reposent partout sur des routes fleuries
Dans le pays charmant des molles rêveries,
Camille, que vois-tu dans tes songes d’amour ?
Nous vois-tu, revenant par les noires allées,
Tous deux, donner des pleurs aux choses envolées
Que l’oubli dédaigneux couvre de flots dormants,
Ou dans le vieux manoir, au fond des parcs superbes,
Vous tous qui m’aimerez,
Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore,
Ô bataillons sacrés !
Et vous, poëtes, pleins comme moi de tendresse,
Qui relirez mes vers
Sur l’herbe, en regardant votre jeune maîtresse
Et les feuillages verts !
Vous les lirez, enfants à chevelure blonde,
Coeurs tout extasiés,
Récitant des vers sans qu’on les en prie,
Vont, couverts de pourpre et d’orfèvrerie,
Les Comédiens, rois et demi-dieux.
Hérode brandit son glaive odieux ;
Dans les oripeaux de la broderie,
Cléopâtre brille en jupe fleurie
Comme resplendit un paon couvert d’yeux.
Puis, tout flamboyants sous les chrysolithes,
Les bruns Adonis et les Hippolytes
Est pleine d’éblouissements
Et qui tressaille à mon approche,
Murmure avec des bruits charmants.
Les fauvettes font leur prière ;
La terre noire après ses deuils
Refleurit, et dans la clairière
Je vois passer les doux chevreuils.
Voici la caverne des Fées
D’où fuyant vers le bleu des cieux,
Pleurer tout bas ; si jamais, inhumaine,
J’osais vous peindre avec de vrais accents
Le feu caché qu’en mes veines je sens,
Vous gémiriez, cruelle, de ma peine.
Par ce récit, l’aventure est certaine,
Je changerais en amour votre haine,
Votre froideur en désirs bien pressants,
Oui, pour le moins.
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On entrevoit le contour d’un sein rose,
Des bras hardis, un beau corps potelé,
Suave, et dans la neige modelé,
Mais dont, hélas ! un avare dispose.
Un vieux sceptique à la bile morose
Médit de vous et blasphème, et suppose
Qu’à la nature un peu d’art s’est mêlé
Entre les plis.
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