Je me dis bien souvent : de quelle race es-tu ? Ton coeur ne trouve rien qui l'enchaîne ou ravisse, Ta pensée et tes sens, rien qui les assouvisse : Il semble qu'un bonheur infini te soit dû.
Par les nuits sublimes d'été, Sous leur dôme d'or et d'opale, Je demande à l'immensité Où sourit la forme idéale.
L'azur n'est plus égal comme un rideau sans pli. La feuille, à tout moment, tressaille, vole et tombe ; Au bois, dans les sentiers où le taillis surplombe, Les taches de soleil, plus larges, ont pâli.
à Maurice Chevrier Fait d'héroïsme et de clémence, Présent toujours au moindre appel, Qui de nous peut dire où commence, Où finit l'amour maternel ?
Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois, Les couples, enchantés par l'éther frais et rose, Ont ressenti l'amour comme une apothéose ; Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois.
C'était une amitié simple et pourtant secrète : J'avais sur sa parure un fraternel pouvoir, Et quand au seuil d'un bal nous nous trouvions le soir, J'aimais à l'arrêter devant moi tout prête.
Madame, vous étiez petite, J'avais douze ans ; Vous oubliez vos courtisans Bien vite ! Je ne voyais que vous au jeu Parmi les autres ; Mes doigts frôlaient parfois les vôtres Un peu…
Quand on est sous l'enchantement D'une faveur d'amour nouvelle, On s'en défendrait vainement, Tout le révèle :
à Albert Mérat J'ai peur d'avril, peur de l'émoi Qu'éveille sa douceur touchante ; Vous qu'elle a troublés comme moi, C'est pour vous seuls que je la chante.
Le présent se fait vide et triste, Ô mon amie, autour de nous ; Combien peu de passé subsiste ! Et ceux qui restent changent tous.