Les caresses ne sont que d'inquiets transports, Infructueux essais du pauvre amour qui tente L'impossible union des âmes par les corps. Vous êtes séparés et seuls comme les morts, Misérables vivants que le baiser tourmente !
Toi qui m'entends sans peur te parler de la mort, Parce que ton espoir te promet qu'elle endort Et que le court sommeil commencé dans son ombre S'achève au clair pays des étoiles sans nombre, Reçois mon dernier voeu pour le jour où j'irai Tenter seul, avant toi, si ton espoir dit vrai.
Si tu m'appartenais (faisons ce rêve étrange ! ), Je voudrais avant toi m'éveiller le matin Pour m'accouder longtemps près de ton sommeil d'ange, Egal et murmurant comme un ruisseau lointain.
Quand l'être cher vient d'expirer, On sent obscurément la perte, On ne peut pas encor pleurer : La mort présente déconcerte ;
Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes, Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes, Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil A des neiges d'avril qui croulent au soleil ; Mais, ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire, Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire. Il…
Viennent les ans ! J'aspire à cet âge sauveur Où mon sang coulera plus sage dans mes veines, Où, les plaisirs pour moi n'ayant plus de saveur, Je vivrai doucement avec mes vieilles peines.
Dans un flot de gaze et de soie, Couples pâles, silencieux, Ils tournent, et le parquet ploie, Et vers le lustre qui flamboie S'égarent demi-clos leurs yeux.
Enfant sur la terre on se traîne, Les yeux et l'âme émerveillés, Mais, plus tard, on regarde à peine Cette terre qu'on foule aux pieds.
Oui, je sais qu'elle est la plus belle, La reine du bal, je le sais ; Mais je suis un vaincu rebelle, Je ne la servirai jamais.
Un soir, vaincu par le labeur Où s'obstine le front de l'homme, Je m'assoupis, et dans mon somme M'apparut un bouton de fleur.