La tristesse, la langueur du corps humain M'attendrissent, me fléchissent, m'apitoient, Ah ! surtout quand des sommeils noirs le foudroient, Quand des draps zèbrent la peau, foulent la main !
Le son du cor s'afflige vers les bois D'une douleur on veut croire orpheline Qui vient mourir au bas de la colline Parmi 1a bise errant en courts abois.
Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D'une aile inquiète et folle vole sur la mer, Tout ce qui m'est cher, D'une aile d'effroi Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit Berce sa palme.
Un grand sommeil noir Tombe sur ma vie : Dormez, tout espoir, Dormez, toute envie !
Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m'ont pas trouvé malin.
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable. Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ? Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou. Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?
Du fond du grabat As-tu vu l'étoile Que l'hiver dévoile ? Comme ton coeur bat, Comme cette idée, Regret ou désir, Ravage à plaisir Ta tête obsédée, Pauvre tête en feu, Pauvre coeur sans dieu !
Désormais le Sage, puni Pour avoir trop aimé les choses, Rendu prudent à l'infini, Mais franc de scrupules moroses,
– Ah ! Seigneur, qu'ai-je ? Hélas ! me voici tout en larmes D'une joie extraordinaire : votre voix Me fait comme du bien et du mal à la fois, Et le mal et le bien, tout a les mêmes charmes.