Et combien j’y fus galant ?
Vous étiez en piqué blanc :
On eût dit la Sainte Vierge.
Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.
De l’auberge dans les Landes
Je rêve, – et voudrais revoir
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Comme une rouge nue
Où déjà te dessinait nue
L’arôme de ta chair ;
Ni vous, dont l’image ancienne
Captive encor mon coeur,
Ile voilée, ombres en fleurs,
Nuit océanienne ;
Non plus ton parfum, violier
Sous la main qui t’arrose,
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Court un fil de fer :
Mansarde où l’on aima, vanterne
Sans carreaux, où l’on a souffert.
Une enfant fait le pied de grue
Le long du trottoir.
Le bistro, du bout de la rue,
Ouvre un oeil de sang dans le noir ;
Tandis qu’on pense à sa province,
A Faustine, à Zo’…
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On irait jusqu’au bois, où, dans cette eau qui pleure
Poursuivant la rainette, un jour, dans le cresson
Tremblante, tes pieds nus ont leur nacre baignée.
Déjà le rossignol a tari sa chanson ;
L’aube a mis sa rosée aux toiles d’araignée,
Et l’arme du chasseur, avec un faible son,
Perce la brume, au loin, de soleil imprégnée.
Chansons
Paul-Jean Toulet
J’agitai si bien, sur la couche en déroute,
Le crincrin de la blague et le sistre du doute
Que les bras t’en tombaient du lit.
Après ça, tu marchais, tu marchais quand même ;
Et ces airs, hélas, de doux chien battu,
C’est à vous dégoûter d’être tendre, vois-tu,
De taper sur les gens qu’on aime.
Chansons
Paul-Jean Toulet
Quand Zo’ va cherchant sous les branches
Le bien-aimé,
Son jupon, tendu sur les hanches ;
Me fait songer à l’aile blanche
Du voilier
Mers qui battez au pied des mornes
Et dont un double Pilier.
Dressa les bornes.
Chansons
Paul-Jean Toulet
Ah ! qu’une nuit je te revoie.
Perce l’oubli, fille de joie,
Sors du linceul.
D’une figure trop aimée,
Est-ce toi, spectre gracieux,
Et ton éclat, cette fumée
Devant mes yeux ?
Ta pâleur, tes sombres dentelles,
Le bal qui berçait nos pieds las,
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Les plus rares, que l’on put voir,
Beautés du monde ;
Mais toi si pâle encor d’avoir
Couru la lune l’autre soir
Aux quatre rues,
Écoute : au bruit noir des chansons
Satan flagelle tes soeurs nues ;
Viens, et dansons.
Chansons
Paul-Jean Toulet
Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve,
Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
Tes yeux plus clairs.
A travers le passé ma mémoire t’embrasse.
Te voici. Tu descends en courant la terrasse
Odorante, et tes faibles pas s’embarrassent
Parmi les fleurs.
Par un après-midi de l’automne, au mirage
De ce tremble inconstant que varient les nuages,
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Mon caeur aussi de l’atteinte soudaine
D’un regard lancé.
Hors de l’abyme où le temps nous entraîne,
T’évoquerai-je, ô belle, en vain – ô vaines
Ombres, souvenirs.
Ah ! dans mes bras qui pleurais demi-nue,
Certe serais encore, à revenir,
Ah ! la bienvenue.
Chansons
Paul-Jean Toulet