Le fou parle
C’est ma mère, monsieur, avec ma fiancée
Elles passent là-bas, l’une à l’autre pressée.
La jeune m’a giflé, la vieille m’a fessé.
Je vous jure pourtant que je les aimais bien;
Mais, constamment, j’avais le besoin bénin
D’exiger trop d’amour: ses larmes et son sein.
Je vous jure, monsieur, qu’elles m’ont bien aimé.
Ça n’est certes pas leur faute à toutes les deux
Si sans cesse je voulais être plus heureux.
C’est ma mère, monsieur, avec ma fiancée
Elles passent là-bas, l’une à l’autre pressée.
La jeune m’a giflé, la vieille m’a fessé.
Je vous jure pourtant que je les aimais bien;
Mais, constamment, j’avais le besoin bénin
D’exiger trop d’amour: ses larmes et son sein.
Je vous jure, monsieur, qu’elles m’ont bien aimé.
Ça n’est certes pas leur faute à toutes les deux
Si sans cesse je voulais être plus heureux.
La petite chérie arrive à Paris.
Paris fait du bruit. Paris fait du bruit
La petite chérie traverse la rue.La bruit tombe en pluie.
Paris fait du bruit. Paris fait du bruit
La petite chérie traverse la rue.La bruit tombe en pluie.
La bruit tombe en pluie
La petite chérie est sur le trottoir
Où de gros messieurs cossus et tout noirs
Empêchent son cœur de faire trop de bruit.
La petite chérie extrait du recueil Premiers Poèmes
Premiers poèmes
Paul Éluard
J’ai peint des terres désolées
et les hommes sont fatigués
de la joie toujours éloignée.
J’ai peint des terres désolées
où les hommes ont leurs palais.
J’ai peint des cieux toujours pareils,
la mer qui a tous les bateaux,
la neige, le vent et la pluie.
J’ai peint des cieux toujours pareils
Où les hommes ont leurs palais.
et les hommes sont fatigués
de la joie toujours éloignée.
J’ai peint des terres désolées
où les hommes ont leurs palais.
J’ai peint des cieux toujours pareils,
la mer qui a tous les bateaux,
la neige, le vent et la pluie.
J’ai peint des cieux toujours pareils
Où les hommes ont leurs palais.
Comme il fait moins froid ce soir !
Et comme les étoiles brillent !
Il fera beau demain matin
Dessus l’avenue de Versailles.
Il fera beau…
(Et l’air se perd comme une bille.)
Quand il fait beau, c’est agréable
De s’en aller de si matin,
Quand on sait que midi viendra
Avec la fin d’un long travail…
(Et l’air se perd comme une bille.)
Le long de l’avenue, c’est vrai
J’ai l’illusion de la campagne.
Il y a de si belles villas.
C’est vrai, j’aime tout cela !
(Et l’air est mort, l’air est perdu.)
Et comme les étoiles brillent !
Il fera beau demain matin
Dessus l’avenue de Versailles.
Il fera beau…
(Et l’air se perd comme une bille.)
Quand il fait beau, c’est agréable
De s’en aller de si matin,
Quand on sait que midi viendra
Avec la fin d’un long travail…
(Et l’air se perd comme une bille.)
Le long de l’avenue, c’est vrai
J’ai l’illusion de la campagne.
Il y a de si belles villas.
C’est vrai, j’aime tout cela !
(Et l’air est mort, l’air est perdu.)
1914
Premiers poèmes
Paul Éluard
Ton rire est comme un tourbillon de feuilles mortes
Froissant l’air chaud, l’enveloppant, quand vient la pluie.
Amer, tu annules toute tragédie,
Et ton souci d’être un homme, ton rire l’emporte.
Je voudrais t’enfermer avec ta vieille peine
Abandonnée, qui te tient si bien quitte,
Entre les murs nombreux, entre les ciels nombreux
De ma tristesse et de notre raison.
Là, tu retrouverais tant d’autres hommes,
Tant d’autres vies et tant d’espoirs
Froissant l’air chaud, l’enveloppant, quand vient la pluie.
Amer, tu annules toute tragédie,
Et ton souci d’être un homme, ton rire l’emporte.
Je voudrais t’enfermer avec ta vieille peine
Abandonnée, qui te tient si bien quitte,
Entre les murs nombreux, entre les ciels nombreux
De ma tristesse et de notre raison.
Là, tu retrouverais tant d’autres hommes,
Tant d’autres vies et tant d’espoirs
I
A fait fondre la neige pure,
A fait naître des fleurs dans l’herbe
Et le soleil est délivré.
Ô fille des saisons variées,
Tes pieds m’attachent à la terre
Et je l’aime toute l’année.
Notre amour rit de ce printemps
Comme de toute sa beauté,
Comme de toute sa bonté.
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