Ce fut un jour pareil à ce beau jour Que, pour tout perdre, incendiait l'amour ! C'était un jour de charité divine Où dans l'air bleu l'éternité chemine ;
Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée, Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée ! Toi, rentrée en mon sein ! je ne dis rien de toi Qui soufres, qui te plains, et qui meurs avec moi !
Fierté, pardonne-moi ! Fierté, je t'ai trahie ! … Une fois dans ma vie, Fierté, j'ai mieux aimé mon pauvre coeur que toi : Tue, ou pardonne-moi !
Attends, nous allons dire adieu : Ce mot seul désarmera Dieu. Les voilà ces feuilles brûlantes Qu'échangèrent nos mains tremblantes,
Si ta vie obscure et charmée Coule à l'ombre de quelques fleurs, Ame orageuse mais calmée Dans ce rêve pur et sans pleurs, Sur les biens que le ciel te donne, Crois-moi : Pour que le sort te les pardonne, Tais-toi !
"De l'ardente cigale J'eus le destin, Sa récolte frugale Fut mon festin. Mouillant mon seigle à peine D'un peu de lait, J'ai glané graine à graine Mon chapelet.
Il est de longs soupirs qui traversent les âges Pour apprendre l'amour aux âmes les plus sages. Ô sages ! De si loin que ces soupirs viendront, Leurs brûlantes douceurs un jour vous troubleront.
Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes, Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
Allez en paix, mon cher tourment, Vous m'avez assez alarmée, Assez émue, assez charmée… Allez au loin, mon cher tourment, Hélas ! mon invisible aimant !
Je n'ai vu qu'un regard de cette belle morte A travers le volet qui touche à votre porte, Ma soeur, et sur la vitre où passa ce regard, Ce fut l'adieu d'un ange obtenu par hasard.