Poésie Marceline Desbordes-Valmore

Elégies

Quand le fil de ma vie (hélas, il tient à peine ! )
Tombera du fuseau qui le retient encor ;
Quand ton nom, mêlé dans mon sort,
Ne se nourrira plus de ma mourante haleine ;
Quand une main fidèle aura senti ma main
Se refroidir sans lui répondre ;
Quand mon dernier espoir, qu’un souffle va confondre,

Ne trouvera plus ton chemin ;
Prends mon deuil : un pavot, une feuille d’absinthe,
Quelques lilas d’avril, dont j’aimai tant la fleur !

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Vous aviez mon coeur,
Moi, j’avais le vôtre :
Un coeur pour un coeur ;
Bonheur pour bonheur !

Le vôtre est rendu,
Je n’en ai plus d’autre,
Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu !

La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,

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Dieu ! créez à sa vie un objet plein de charmes,
Une voix qui réponde aux secrets de sa voix !
Donnez-lui du bonheur, Dieu ! donnez-lui des larmes ;
Du bonheur de le voir j’ai pleuré tant de fois !

J’ai pleuré, mais ma voix se tait devant la sienne ;
Mais tout ce qu’il m’apprend, lui seul l’ignorera ;
Il ne dira jamais : “Soyons heureux, sois mienne !”
L’aimera-t-elle assez celle qui l’entendra ?

Celle à qui sa présence ira porter la vie,
Qui sentira son coeur l’atteindre et la chercher ;

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Jeunesse, adieu ! Car j'ai beau faire, J'ai beau t'étreindre et te presser, J'ai beau gémir et t'embrasser, Nous fuyons en pays contraire.

À Madame De Simonis Enfant d'un nid loin du soleil éclos, Tombée un jour du faîte des collines, Ouvrant à Dieu mes ailes orphelines, Poussée aux vents sur la terre ou les flots, Mon coeur chantait, mais avec des sanglots.

Ma demeure est haute, Donnant sur les cieux ; La lune en est l'hôte, Pâle et sérieux : En bas que l'on sonne, Qu'importe aujourd'hui Ce n'est plus personne, Quand ce n'est plus lui !

Il est deux Amitiés comme il est deux Amours. L'une ressemble à l'imprudence ; Faite pour l'âge heureux dont elle a l'ignorance, C'est une enfant qui rit toujours. Bruyante, naïve, légère, Elle éclate en transports joyeux.

À Béranger. Jardin si beau devenu sombre, Tes fleurs attristent ma raison, Qui, semblable au ramier dans l'ombre, S'abat au toit de ta prison. Mais à rêver j'ai passé l'heure ; Vous qui nous épiez d'en bas, Ce n'est qu'un pauvre oiseau qui pleure : Sentinelle ! Ne tirez pas !

Triste à ma cellule, Quand la nuit s'abat, Je n'ai de pendule Que mon coeur qui bat ; Si l'ombre changeante Noircit mon séjour, Quelque atome chante, Qui m'apprend le jour.

Pour me plaindre ou m'aimer je ne cherche personne ; J'ai planté l'arbre amer dont la sève empoisonne. Je savais, je devais savoir quel fruit affreux Naît d'une ronce aride au piquant douloureux. Je saigne. Je me tais. Je regarde sans larmes Des yeux pour qui mes pleurs auraient de si doux charmes.

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