Un ami me parlait et me regardait vivre : Alors, c'était mourir… mon jeune âge était ivre De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ; Et cet ami riait, car il était moqueur. Il n'avait pas d'aimer la funeste science. Son seul orage à lui, c'était l'impatience. Léger comme l'oiseau qui siffle avant…
Je suis la prière qui passe Sur la terre où rien n'est à moi ; Je suis le ramier dans l'espace, Amour, où je cherche après toi. Effleurant la route féconde, Glanant la vie à chaque lieu, J'ai touché les deux flancs du monde, Suspendue au souffle de Dieu.
Ce fut un jour pareil à ce beau jour Que, pour tout perdre, incendiait l'amour ! C'était un jour de charité divine Où dans l'air bleu l'éternité chemine ;
Je ne dis rien de toi, toi, la plus enfermée, Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée ! Toi, rentrée en mon sein ! je ne dis rien de toi Qui soufres, qui te plains, et qui meurs avec moi !
Fierté, pardonne-moi ! Fierté, je t'ai trahie ! … Une fois dans ma vie, Fierté, j'ai mieux aimé mon pauvre coeur que toi : Tue, ou pardonne-moi !
Attends, nous allons dire adieu : Ce mot seul désarmera Dieu. Les voilà ces feuilles brûlantes Qu'échangèrent nos mains tremblantes,
Si ta vie obscure et charmée Coule à l'ombre de quelques fleurs, Ame orageuse mais calmée Dans ce rêve pur et sans pleurs, Sur les biens que le ciel te donne, Crois-moi : Pour que le sort te les pardonne, Tais-toi !
"De l'ardente cigale J'eus le destin, Sa récolte frugale Fut mon festin. Mouillant mon seigle à peine D'un peu de lait, J'ai glané graine à graine Mon chapelet.
Il est de longs soupirs qui traversent les âges Pour apprendre l'amour aux âmes les plus sages. Ô sages ! De si loin que ces soupirs viendront, Leurs brûlantes douceurs un jour vous troubleront.
Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes, Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.