Vous qui l’aviez formé de sourire et de charmes ;
Mais sous le front joyeux vous aviez mis les larmes,
Et de vos dons, Seigneur, ce don seul m’est resté.
C’est le mois envié, c’est le meilleur peut-être :
Je n’ai plus à mourir à mes liens de fleurs ;
Ils vous sont tous rendus, cher auteur de mon être,
Et je n’ai plus à moi que le sel de mes pleurs.
Les fleurs sont pour l’enfant ; le sel est pour la femme ;
Faites-en l’innocence et trempez-y mes jours.
Un champ d’asile où monte la douleur ;
J’y vais puiser un peu d’eau salutaire
Qui du passé rafraîchit la couleur.
Là seulement ma mère encor vivante
Sans me gronder me console et m’endort ;
O douce nuit, je suis votre servante :
Dans votre empire on aime donc encor !
Non, tout n’est pas orage dans l’orage ;
Entre ses coups, pour desserrer le coeur,
Quand vous suiviez ma trace, J'allais avoir quinze ans, Puis la fleur, puis la grâce, Puis le feu du printemps.
Entrez, mes souvenirs, ouvrez ma solitude ! Le monde m'a troublée ; elle aussi me fait peur. Que d'orages encore et que d'inquiétude Avant que son silence assoupisse mon coeur !
Les séparés (N'écris pas…) N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre. Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau. J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre, Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau. N'écris pas !
Orages de l'amour, nobles et hauts orages, Pleins de nids gémissants blessés sous les ombrages, Pleins de fleurs, pleins d'oiseaux perdus, mais dans les cieux, Qui vous perd ne voit plus, éclairs délicieux !
Sur la terre où sonne l'heure, Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure. L'orgue sous le sombre arceau, Le pauvre offrant sa neuvaine, Le prisonnier dans sa chaîne Et l'enfant dans son berceau ;
Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe, Ainsi qu'un libre oiseau te baigner dans l'espace. Va voir ! et ne reviens qu'après avoir touché Le rêve… mon beau rêve à la terre caché.
Toi qui ris de nos coeurs prompts à se déchirer, Rends-nous notre ignorance, ou laisse-nous pleurer ! Promets-nous à jamais le soleil, la nuit même, Oui, la nuit à jamais, promets-la-moi ! Je l'aime, Avec ses astres blancs, ses flambeaux, ses sommeils, Son rêve errant toujours et toujours ses réveils, Et toujours, pour calmer la…
Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre Qui promenait mon âne au chemin des éclairs Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs, Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre.